Sortir des violences entre partenaires intimes : des processus à soutenir pour les auteurs et les victimes, un défi pour les professionnels

Soutenir l’arrêt et la sortie des violences entre partenaires intimes (IPV) constitue un réel enjeu pour les politiques publiques et pour les professionnels du secteur judiciaire et psychosocial. Ceux-ci se trouvent souvent confrontés aux paradoxes des dynamiques cycliques des violences ce qui peut mener à des sentiments de découragement et/ou d’impuissance. Pour les victimes, sortir des violences est un enjeu qui peut relever de la survie. En effet, les IPV sont source de souffrances physiques et psychologiques qui ne trouvent le plus souvent pas de mots et d’espace pour se dire. Les conséquences sont multiples : physiques, psychologiques, sexuelles, économiques et administratives. Un grand nombre des victimes de violences entre partenaires intimes (IPV) présentent de nombreux symptômes de stress post-traumatique qui paralysent leur liberté d’agir, et les enferment dans des vécus de peur et de honte (Zlotnick, Johnson et Kohn 2006, Band-Winterstein et Eisikovits 2014). De façon plus insidieuse et non perceptible, les violences viennent bouleverser leurs conceptions fondamentales, leurs perceptions du monde et/ou de soi, leurs relations avec le monde, et entravent la sortie de ces dynamiques et relations. Une meilleure compréhension des vécus et des dynamiques à l’œuvre dans les processus de sortie de victimes de violences devrait permettre de dépasser les sentiments d’inefficacité ressentis tant par les victimes que par les professionnels. Une première section de ce chapitre propose une analyse des récits de victimes de sorte à approcher la complexité de ces dynamiques. Une seconde section est dédiée aux récits des auteurs. En effet, on ne peut parler de sortie de violence sans envisager l’auteur des violences. Plus que de sortie de violences, on parle pour les auteurs d’arrêt des violences. Pour l’envisager, nous convoquons dans cet écrit un concept central en psychologie criminologique (Glowacz et Born 2017), celui de désistance, qui à ce jour a été peu étudié dans le contexte d’IPV (Dziewa et Glowacz 2018). Les analyses des récits d’auteurs de violences menés dans le cadre de cette recherche seront centrées sur les processus internes pouvant soutenir la désistance.