La place du citoyen "expert" vis-à-vis de celle du citoyen "profane" dans les processus de délibération : le cas du panel citoyen énergie-climat de la Ville d'Arlon

Face à la crise de la démocratie représentative, les expérimentations en matière de participation citoyenne se multiplient, en particulier sur des sujets liés à l’environnement. La Ville d’Arlon ne fait pas exception : en 2021, elle initie un processus de délibération citoyenne autour de la transition énergétique en constituant un panel citoyen par tirage au sort. L’objectif est d’identifier les moyens de favoriser la mobilisation des citoyens par rapport aux actions identifiées dans le Plan d’Actions en faveur de l’Energie Durable et du Climat (PAEDC). Le PAEDC a été élaboré dans le cadre de l’adhésion de la Ville d’Arlon à la nouvelle Convention des Maires, par un comité de pilotage composé de mandataires communaux, d’experts techniques et de cinq citoyens arlonais (qualifiés ci-après de citoyens « experts ») sélectionnés sur base de leur candidature documentée.
Cette communication partagera l’expérience de l’équipe SEED (Département des sciences et gestion de l’environnement) tout au long de sa co-construction, avec le comité de pilotage, du projet de panel citoyen énergie-climat, et les questionnements qui l’ont traversée depuis l’intéressement des citoyens jusqu’à la valorisation des résultats du panel, en passant par les dispositifs d’animation des délibérations. Ces questionnements portent notamment sur la place du citoyen « expert » vis-à-vis de celle du citoyen « profane » dans les processus de délibération. En effet, dans le cas du panel citoyen d’Arlon, les citoyens experts occupent une place déterminante et endossent de multiples rôles (concepteurs du processus, experts, observateurs, participants,…). Cela laisse-t-il suffisamment de place aux apports des citoyens profanes ? D’ailleurs, qu’est-ce que ceux-ci peuvent apporter de plus que les citoyens experts ? Comment l’apport potentiel des citoyens profanes est-il compris, reconnu et recherché par les acteurs en présence (politiques, administration communale, experts, chercheurs), et comment cela se traduit-il dans la manière dont sont conçues les différentes phases du processus délibératif ? Cette communication explorera ces questions, afin de poser un regard critique sur la capacité d’un processus de délibération citoyenne à instaurer une symétrie des savoirs et à nourrir la démocratie.