Participation citoyenne et production de savoirs situés sur les pollutions. Retour sur deux expérimentations de biomonitoring de l'Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions de Fos (France)

Cet article repose sur la description du fonctionnement de l’Institut Ecocitoyen pour la Connaissance des Pollutions (IECP). Cet organisme atypique dans le paysage de la recherche française a pour but de produire, avec les collectivités locales et les riverains de la zone-industrialo-portuaire de Fos, les données sur les pollutions et la santé environnementales qui manquent pour éclairer le débat public. Nous revenons sur deux des expérimentations de biomonitoring participatif menées par l’IECP : un suivi lichénique pour l’évaluation de la qualité de l’air et l’usage du congre comme espèce sentinelle de la qualité du milieu marin. Notre recherche avance l’idée que des savoirs situés, sur la base de collaborations de différents niveaux entre scientifiques et profanes, peuvent contribuer à améliorer la gouvernance des risques technologiques, non seulement parce qu’ils sont générateurs de nouveaux liens socio-écosystémiques, mais aussi parce qu’ils provoquent un basculement cosmopolitique en faveur du care et de la précaution. Nous concluons sur l’émergence de sciences situées transformant la manière même d’envisager les pratiques scientifiques lorsqu’elles se rendent sensibles aux conditions communes d’habitabilité des vivants.