Abstract :
[fr] De nombreux espaces ruraux à travers l’Europe ont connu un bouleversement suite au
développement d’une activité minière qui les a transformés le temps de l’exploitation en
région minière. Cette transformation a souvent été accompagnée d’un développement
industriel et urbain. Des communautés minières se sont formées autour de l'industrie
extractive car l’activité ne pouvait pas être accélérée sans développer de nouveaux quartiers afin d’accueillir la main-d'œuvre immigrée attirée par ces nouvelles opportunités. Cependant, beaucoup de ces territoires ne sont des unités administratives urbaines qu’en apparence, car les équipements proprement urbains sont peu développés et les espaces environnant conservent des caractéristiques des paysages ruraux. Dès lors quand les mines ferment, ces régions sont dans un entre-deux où la vocation urbaine est souvent privilégiée par les acteurs plutôt que le redéploiement d’activités rurales (Dumitru et al., 2020; Jonas, 2012; Pontarollo & Serpieri, 2020). Aujourd’hui, dans le contexte de la transition vers l'économie verte et de la « transition juste» établi au niveau de la Commission européenne et soutenue par plusieurs instruments financiers, des solutions de développement durable sont prônées et recherchées pour ces régions postindustrielles (Alves Dias et al., 2018). Elles doivent notamment s’appuyer sur la consultation de toutes les parties prenantes (Caldecott et al., 2017; Kelemen, 2020). Cette communication présente les résultats de recherches-actions menées dans deux bassins miniers européens, la Vallée du Jiu en Roumanie et la Région du Centre en Belgique, mettant en lumière les difficultés rencontrées par les acteurs locaux pour imaginer l'avenir « vert » du territoire. Car, au-delà des poncifs liés au développement du tourisme et du souhait d’accueillir des entreprises internationales, l’exploration des ressources territoriales en vue de leur mise en valeur est biaisée en raison d'une perception erronée tant de leur paysage que de leur territoire (Schmitz & Vanderheyden, 2016). Ancrés dans l'aspiration à vivre en ville, de nombreux acteurs ne sont pas conscients du potentiel de croissance économique à travers les solutions de développement rural. Ainsi, notre démarche utilise le paysage comme vecteur d'aménagement du territoire et pose l’hypothèse qu'une approche paysagère de la reconversion des territoires miniers est préférable à d'autres solutions car elle capitaliserait sur les caractéristiques durables des paysages, plutôt que de concevoir un paysage selon les ambitions économiques de ses utilisateurs actuels (van Rooij et al., 2021).