Abstract :
[fr] « Tout est dans tout, nous le savons ; rien n’est nouveau, nous le savons encore. » (Paul Hazard, La crise de la conscience européenne : 1680-1715). Après plus de soixante-dix ans de vie, je témoigne que notre monde est bien en crise. Toujours ! C’est son « état normal » ; hésitant sans cesse entre plusieurs possibles, dont la réalisation dépend du Hasard, de la Nécessité, et, surtout, de la Volonté. Les prémices d’un changement sont perceptibles bien avant qu’il ne se concrétise. L’évolution de la Civilisation repose sur une montée de la Conscience individuelle et collective. Ses sauts (discontinuités) correspondent à des crises au cours desquelles les hommes rompent brutalement avec les principes du passé. C’est une telle période, incertaine et malaisée, qu’a connue notre monde à la fin du XVIIe siècle, entre 1680 et 1715. « La hiérarchie, la discipline, l’ordre que l’autorité se charge d’assurer, les dogmes qui règlent fermement la vie : voilà ce qu’aimaient les hommes du dix-septième siècle. Les contraintes, l’autorité, les dogmes, voilà ce que détestent les hommes du dix-huitième siècle […] La majorité des Français pensait comme Bossuet ; tout d’un coup, les Français pensent comme Voltaire : c’est une révolution. » Aujourd’hui, il semblerait que nous vivions une contre-révolution. La compétition, la croissance et le progrès constituent-ils les seules finalités de la vie ? La Science sait-elle, peut-elle tout ? « Finis sæculi novam rerum faciem aperuit. » Dans les années naissantes du XXIe siècle, un nouvel ordre des choses pourrait avoir commencé.