Cogito et perception interne : Descartes et Brentano

Mon intention est de discuter la pertinence d’une approche « cartésienne » (au sens large) pour rendre compte de la conscience que nous avons de nos propres états mentaux – ce qu’on appelle traditionnellement la conscience interne. On attribue communément à Descartes la thèse d’après laquelle nous appréhendons directement et infailliblement nos propres états mentaux occurrents au moment où ils ont lieu. Depuis Gilbert Ryle (1949), le modèle cartésien a été quasi-unanimement critiqué. Faut-il rejeter catégoriquement ce modèle ? Je pense que non. Mon objectif est de proposer une théorie de la conscience d’inspiration cartésienne (au sens très large) qui soit susceptible de résister aux objections de Ryle. À cette fin, je discuterai ici la critique du modèle cartésien par Brentano. Je suggérerai que (i) cette critique se distingue des critiques contemporaines en ceci qu'elle ne rejette pas mais modifie le modèle cartésien, dont elle partage certaines thèses centrales; (ii) cette modification immunise le modèle cartésien contre une série de critiques classiques.