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Abstract :
[fr] Pourquoi ajouter une contribution sur l’œuvre de Werner Herzog à un livre consacré au projet sur Fordlândia de Suspended spaces ? Les raisons sont multiples. Bien que Herzog n’ait pas été du voyage du collectif d’artistes à Fordlândia, le réalisateur allemand les accompagnait en quelque sorte comme une ombre. Car il se trouve qu’il s’est engagé dans un projet sur ce lieu précis à peu près en même temps qu’eux. Plus précisément, il a été invité à réaliser une série télévisée adaptée du récit "Fordlândia : Rise and Fall of Henry Ford’s Forgotten Jungle City" de Greg Grandin, paru en 2009. Ce récit biographique relate l’histoire du fondateur de Fordlândia, le magnat américain Henry Ford, qui a tenté d’y construire une société utopique à l’image des banlieues industrialisées américaines. Au-delà de cette coïncidence entre le projet de Suspended spaces et l’œuvre du réalisateur allemand, l’imaginaire de l’Amazonie en Europe et ailleurs a été profondément marqué, sinon forgé, par les films de Herzog tournés en Amérique du Sud. "Aguirre, la colère de Dieu" (1972), "Les ailes de l’espoir" (2000) et, surtout, "Fitzcarraldo" (1982) nourrissent ainsi ce qu’on devrait sans doute considérer comme un « imaginaire collectif » de l’Amazonie.
pour bon nombre d’artistes qui ont entrepris d’explorer une des multiples réalités des fl euves de la forêt sud américaine. Dans ce contexte, le regard du collectif Suspended spaces sur Fordlândia se démarque assurément de la mise en scène spectaculaire et excentrique que Herzog a imposée et imposera peut-être encore au lieu. Mais,
dès lors que ses récits des aventures et mésaventures de l’homme occidental en « quête de l’inutile » dans la jungle profonde constituent un des arrière-plans féconds de la plupart des approches artistiques de la réalité amazonienne, un retour sur quelques-uns de ses films permet précisément de saisir une part de l’originalité du projet
artistique qui est au cœur du présent ouvrage.
