Abstract :
[fr] Contexte
La méningite cryptococcique est principalement causée par le complexe d’espèces Cryptococcus neoformans/C. gattii, aussi bien chez les immunodéprimés que chez les immunocompétents.
Objectifs
Dans ce travail, nous avons comparé les caractéristiques cliniques, biologiques voire le profil de sensibilité aux antifongiques des souches chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) présentant une méningite à Cryptococcus neoformans (Cn) versus Cryptococcus curvatus/C. laurentii (Cc/Cl).
Méthodes
Une étude analytique comparative a été menée. Outre les données cliniques des patients, les analyses suivantes ont été réalisées et les résultats ont été comparés dans les deux groupes : examen biochimique, test d'antigène cryptococcique, coloration directe à l'encre de Chine et culture sur Sabouraud Dextrose Agar-Chloramphénicol, tous sur le liquide céphalo-spinal (LCS) ; l’identification des souches par spectrométrie de masse (MALDI TOF MS), séquençage ITS, PCR multiplexe de sérotypage et le test de sensibilité aux antifongiques. La principale variable des résultats était « l'espèce de Cryptococcus identifiée », qui a été comparée à d'autres variables du même type à l'aide du test de Chi carré de Pearson ou du test exact de Fisher.
Résultats
Au total, 23 (79,3 %) cas de méningite à Cn contre 6 (20,7 %) cas de méningite à Cc/Cl ont été retenus. La méningite à Cn était plus fréquemment associée à des céphalées (100 % vs 50 %, p = 0,005) que la méningite à Cc/Cl et les signes méningés étaient plus fréquents chez les patients infectés par Cn. Biologiquement, l'hypoglycorrachie et le faible nombre de CD4 ont été plus observés dans le groupe Cn (90 % contre 20 % des patients, p = 0,01 ; 45,6 contre 129,8 cellules/µL, p = 0,02, respectivement). Une proportion plus élevée des Cn (91,3 %) ont montré une faible concentration minimale inhibitrice (CMI) (< 8 mg/L) pour le fluconazole par rapport aux souches Cc/Cl (66,7 %). En plus, des souches de Cc/Cl résistantes à la 5-flucytosine et à l'amphotéricine B ont été retrouvées dans 16,7 % des cas pour chacun des deux antifongiques. La détection de Cryptococcus par les analyses de routine (encre de Chine, culture et antigènes) était meilleure pour les échantillons de Cn que pour Cc/Cl. À l'exception du séquençage ITS qui a identifié toutes les souches des deux groupes, la spectrométrie de masse et la PCR multiplexe de sérotypage ont mieux identifié les souches de Cn que Cc/Cl (100 % vs 80 %, p = 0,1 ; 100 % vs 0 %, p < 0,0001, respectivement). Après traitement par amphotéricine B, 5-flucytosine et fluconazole dans les deux groupes, l’issue thérapeutique était plus péjorative dans le groupe de Cn que dans Cc/Cl (56,5 % vs 16,7 %, p = 0,1).
Conclusion
La présentation clinique de la méningite à Cn est certainement plus sévère que celle de la méningite à Cc/Cl, mais l'infection à Cc/Cl devrait être considérée dans la prise en charge des PVVIH atteintes de syndrome méningé en raison de la difficulté diagnostique et des CMI élevées des agents antifongiques nécessaires au traitement de la méningite due à ces espèces cryptococciques.
Recommandations
Dans sa lutte contre le VIH, le Programme National de Lutte contre le Sida devra accompagner les structures de prise en charge dans le renforcement de leur plateau technique pour les diagnostics distinctifs des infections opportunistes.
Name of the research project :
Cryptococcose chez les personnes vivant avec le VIH à Kinshasa : contribution à l'étude épidémiologique et moléculaire