Pour une typologie de l’erreur dans la critique textuelle de Girolamo Mei

Le De modis musicis antiquorum de Girolamo Mei a joué un rôle majeur dans la redécouverte des théories musicales antiques à la Renaissance. Philologue et humaniste florentin, Mei faisait preuve d’appréciables qualités d’helléniste pour son temps, qui lui ont permis d’accéder directement aux textes des musicographes grecs (Aristoxène, Aristide Quintilien, Alypios, etc.). La notion d’erreur est au cœur de la critique textuelle que l’humaniste applique, de manière pionnière, à ses sources musicales. Mei collationne diverses copies manuscrites, déplore des maladresses de copistes, ou décèle des erreurs directement dans le contenu musical. Sa critique culmine lorsqu’il reproche aux théoriciens de son temps d’avoir corrompu la pensée musicale des Anciens. Établir une typologie de ces « erreurs » et « corruptions » dénoncées au fil du De modis permettra de mieux comprendre comment Mei intègre ses sources à sa propre réflexion. Dans les passages où Mei quitte une attitude purement descriptive, quelle valeur accorder aux « erreurs » qu’il impute à ses contemporains et dont il se sert pour défendre une subjectivité personnelle ? Dans quelle mesure ne sont-elles pas tributaires de l’« archétype » d’une musique antique que Mei recompose, idéalise intérieurement, et considère comme corrompue par la transmission ? D’une certaine manière, la critique philologique semble se décaler à la réalité musicale… Autant de considérations permettront de repenser l’économie d’une nouvelle édition critique du De modis, tout en donnant lieu à une mise en abyme de la démarche critique de Mei par rapport à celle du chercheur moderne en Antiquité.