Girolamo Mei, Vincenzo Galilei et la Camerata Fiorentina : un « tournant artistique » ?

Le binôme formé par Girolamo Mei et Vincenzo Galilei a joué un rôle déterminant dans l’évolution des idées musicales aux tournants des XVIe et XVIIe siècles en Italie. De manière directe ou indirecte, les deux hommes ont entretenu des liens avec la Camerata Fiorentina, ce cénacle d’humanistes qui, dans les dernières décennies du XVIe siècle, se réunissaient chez le Comte Giovanni Bardi pour discuter, essentiellement, de musique. La présente communication interroge la thématique des sociabilités savantes à travers cette triple relation. Dans la conjoncture du paysage académique actuel, et des restructurations qu’il a connues au cours de ces deux dernières décennies, elle entend aussi poser la question des effets des sociabilités savantes sur la « recherche-création » ? Quoiqu’il soit encore relativement marginal, le concept de création en recherche connaît un essor depuis les années 2000 dans les dynamiques de recherche universitaire, depuis la création du Doctorat en arts. L’entrée sur la scène académique de cette catégorie hybride des « artistes-chercheurs » est sans doute une incitation à réinterroger la manière dont la pratique et la théorie s’actualisent l’une dans l’autre ou l’une par l’autre, mais aussi de repenser les rapports entre, d’une part, des processus de recherche scientifique et, de l’autre, une démarche créative. Le binôme formé par Girolamo Mei et Vincenzo Galilei ouvre pleinement la voie à ce type de réflexions.