Girolamo Mei, un humaniste en quête de vérités

Philologue et humaniste florentin, Girolamo Mei (1519-1594) joue un rôle majeur dans la redécouverte des théories musicales antiques à la Renaissance. Son De modis musicis antiquorum est un traité fondateur de la pensée humaniste musicale. Dans cette œuvre, la notion de vérité occupe une place centrale. Déplorant la transmission « confuse et obscure » des modes musicaux antiques jusqu’à son époque et le manque de méthode de ses contemporains à l’égard des sources antiques, Mei met en garde contre les écueils que représente la « prestigieuse épreuve d’investigation du vrai », que lui-même entend entreprendre. Nous verrons que cette quête de vérité se décline à différents niveaux. Tantôt, Mei cherche une « vérité philologique » et soupçonne çà et là des erreurs dans les codex qu’il consulte. Tantôt, il critique l’authenticité d’un contenu musical et met en doute la ueritas d’un auteur. Dans son livre III, Mei compare les modes musicaux antiques et modernes. Cette démarche est le prétexte à un plaidoyer en faveur d’une renaissance d’une musique plus authentiquement antique : Mei reproche effectivement à ses contemporains d’avoir corrompu l’héritage musical antique, et de s’être « détournés de la vérité », pour reprendre ses propres mots. L’examen d’extraits de ce troisième livre permettra de s’interroger particulièrement sur certains aspects de la méthodologie de l’auteur et sur ses objectifs. D’une certaine manière, Mei n’ébauche-t-il pas ses propres vérités sur la musique antique ? Dans quelle mesure doit-on accepter pour vraies les affirmations sur lesquelles l’auteur se fonde pour délégitimer la parole de ses contemporains ? Là où Mei réorganise le discours des sources antiques de manière à servir sa propre subjectivité, comment faire la part entre la pensée « authentique » des Anciens et ses vérités personnelles ? Autant de questions mêlant intrinsèquement les concepts de vérité et d’authenticité s’inscriront dans le deuxième axe retenu pour les Journées doctorales.