Keywords :
Céphalophes, duikers, rythmes d'activité, activity patterns, co-occurrence, seed dispersal, dispersion des graines, forest, forêt; Afrique centrale; piège photographique, camera trap
Abstract :
[en] Duikers are bovid species endemic to the forests of Africa. They are mainly
frugivorous and constitute a very important biomass of forest ecosystems. As such,
duiker populations are declining due to increasing hunting and poaching pressure.
Being discreet, their ecology in natural forest is little known and their role in forest
regeneration has almost never been addressed. Consequently, this thesis aims to
provide original data on the ecology of duiker populations (genera Cephalophus and
Philantomba) in the moist forests of central Africa. More specifically, it aims to: (i)
make a state of knowledge on the duiker community, (ii) specify the rhythm of
activities of duiker species, (iii) examine their role in the regeneration of forests
exploited for timber. In Chapter 2, the literature review carried out at the start of this
research identified many studies on the impacts of hunting on the duiker populations.
Similarly, significant documentation was gathered on their habitat, diet, and
abundance in the forests. However, data gaps were noted on their activity patterns,
their role in seed dispersal and forest regeneration, their level of resilience to logging,
and methods to discriminate species (especially red duikers) during surveys. Finally,
controversies have been noted on the taxonomy of duikers. In Chapter 3, we
quantified the nycthemeral rhythm of six duiker species (Philantomba congica,
Cephalophus leucogaster, C. callipygus, C. nigrifrons, C. castaneus, C. silvicultor),
and described the nature of the spatio-temporal interactions that allow these species
to live in the same space. In Chapter 4, the role of duiker populations in seed dispersal
and forest regeneration was highlighted by germination tests of seeds contained in
their dungs and rumens. Many plant species were identified. These species were
mostly pioneer and light-demanding (herbaceous and woody), including species
exploited for timber such as Milicia excelsa, Nauclea diderrichii and Erythrophleum
suaveolens. Based on inventories conducted over four years, it was also shown that
when hunting is controlled, logging has little impact on duiker populations and thus
their role in forest regeneration. In chapter 5, we summarize our main results and
discuss their generalization. Perspectives for futher research are also defined.
[fr] Les céphalophes sont des espèces de bovidés endémiques des forêts d’Afrique. Ils
sont principalement frugivores et constituent une biomasse très importante des
écosystèmes forestiers. A ce titre, les populations de céphalophes régressent à la suite
d’une pression croissante de la chasse et du braconnage. Etant discrets et farouches,
leur écologie en forêt naturelle est peu connue et leur rôle dans la régénération des
forêts n’a quasi jamais été abordé. En conséquence, la présente thèse vise à apporter
de données originales sur l'écologie des populations de céphalophes (genres
Cephalophus et Philantomba) des forêts denses humides d'Afrique centrale. Plus
spécifiquement, elle ambitionne : (i) de faire un état des connaissances sur la
communauté de céphalophes, (ii) de préciser les rythmes d'activité des céphalophes,
(iii) d’examiner le rôle joué par les populations de céphalophes dans la régénération
des forêts exploitées pour leur bois d’œuvre.
La synthèse bibliographique effectuée à l’entame de cette recherche, présentée dans
le Chapitre 2, a permis de relever de nombreuses études sur les pressions
cynégétiques subies par la communauté de céphalophes. De même, une
documentation non négligeable a été compilée sur leur habitat préférentiel, leur
régime alimentaire, et leur abondance dans les forêts. Cependant, des lacunes ont été
observées dans l’existence de données sur leurs rythmes d’activité, leur rôle dans la
dispersion des graines et la régénération forestière, leur niveau de résilience face à
l’exploitation forestière, et les méthodes pouvant permettre de discriminer les
différentes espèces (notamment les céphalophes rouges) lors des inventaires. Enfin, il
est également apparu des controverses sur la taxonomie des céphalophes. Dans le
Chapitre 3, à partir d’une importante base de données provenant d’un réseau régional
de pièges photographiques, le rythme nycthéméral de six espèces de céphalophes
(Philantomba congica, Cephalophus leucogaster, C. callipygus, C. nigrifrons, C.
castaneus, C. silvicultor) a été étudié. La nature des interactions spatio-temporelles
qui permettent à ces espèces de vivre sur un même espace a aussi été clarifiée. Dans
le Chapitre 4, le rôle des populations de céphalophes dans la dispersion des graines
et la régénération forestière a été mis en évidence par des tests de germination des
graines contenues dans leurs fèces et leurs rumens. Un important cortège d’espèces
végétales a été identifié. Ces espèces sont pour la plupart des espèces colonisatrices
pionnières (herbacées et ligneuses) parmi lesquelles figures des espèces exploitées
pour le bois d’œuvre telles que Milicia excelsa, Nauclea diderrichii et Erythrophleum
suaveolens. Grâce à un suivi sur quatre années, il a aussi été montré que l’exploitation
sélective du bois d’œuvre impacte peu les populations de céphalophes et donc leur
rôle dans la régénération des forêts, lorsque la chasse est contrôlée. Enfin, dans le
chapitre 5, nous revenons sur les principaux résultats et discutons de leur
généralisation. Les perspectives pour des travaux ultérieurs sont aussi abordées.