Abstract :
[fr] « UN COUP DE DÉS / JAMAIS / QUAND BIEN MÊME LANCÉ DANS DES CIRCONSTANCES ÉTERNELLES / DU FONDS D’UN NAUFRAGE /…/ N’ABOLIRA /…/ LE HASARD. » Cette affirmation de Stéphane Mallarmé (1842-1898), au faîte de son art, ne cesse d’interpeller les hommes. Celui qui écrit : « La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres », et observe que « Le monde est fait pour aboutir à un beau livre », atteint son but. Magistralement ! Son dernier poème, le plus ambitieux, œuvre littéraire, esthétique et musicale, est le fruit singulier d’une vie consacrée à l’absolu. En contribuant à l’avènement et à l’acceptation du vers libre, Mallarmé joue un rôle particulier dans l’histoire des Lettres, qui lui a parfois valu le reproche d’hermétisme, mais en fait l'un des plus grands poètes de la langue française. Au terme d’un XIXe siècle qui sombre dans l’implacable contingence d’un monde sans Dieu, son dernier vers – « Toute Pensée émet un Coup de Dés » – énonce une contrevérité qui a pour objet d’établir la vérité irréfragable du titre et message central – « UN COUP DE DÉS JAMAIS N’ABOLIRA LE HASARD ». Le corps du Poème, quant à lui, cherche à « ouvrir des yeux ». Il décrit la tragédie que vit « LE MAÎTRE » – Stéphane Mallarmé ? – qui, au dernier moment, hésite à disparaître dans le gouffre du Néant en brandissant d’ultimes et vaines conjectures, dans l’indifférence du monde et « d’un compte total en formation ». Son message est lumineux : La Pensée – l’Art et la Science – jamais n’abolira la Providence. « LE MAÎTRE » a donc bien lancé son dernier « COUP DE DÉS ». Et, celui-ci n'a rien d’un coup de dés !