Abstract :
[fr] Selon l'hypothèse de l'hygiène, l'exposition durant l’enfance à certains micro-organismes
protège du développement de maladies allergiques telles que l'asthme. Les gammaherpèsvirus (γHVs) font partie des virus humains les plus répandus. L’infection par ces virus survient dès le jeune âge et modifie profondément le système immunitaire de leurs hôtes. En utilisant le Gammaherpèsvirus murin 4 (MuHV-4), modèle murin pour le virus humain d'Epstein-Barr, notre laboratoire a montré que l'infection par un γHV peut inhiber le développement de l'asthme allergique. Cependant, les mécanismes par lesquels l'allergie des voies aériennes est contrôlée dans ce contexte sont encore mal définis. Les cellules lymphoïdes innées de type 2 (ILC2s) jouent un rôle majeur dans l'asthme et peuvent être modulées par des infections virales respiratoires, nous avons donc cherché à comprendre si et comment l'infection par le MuHV-4 affecte le compartiment pulmonaire des ILC2s.
Dans cette thèse, nous montrons que l'infection par le MuHV-4 réduit considérablement la
capacité des ILC2s pulmonaires, résidentes ou recrutées à partir de la moelle osseuse, à s’épandre et à produire des cytokines de type 2 en réponse aux allergènes d'acariens, ce qui a un effet direct sur le développement de l’asthme allergique. Ces modifications dépendent du microenvironnement et surtout de la production d'IFN-γ après l'infection virale. Contrairement à ce qui a été rapporté pour d'autres infections, les ILC2s pulmonaires de souris infectées par le MuHV-4 ne présentent aucune caractéristique de plasticité vers un phénotype ILC1 mais affichent une expression réduite du facteur de
transcription pro-T helper 2 (TH2), GATA 3. De manière importante, nous avons mis en évidence un crosstalk étroit entre ILC2s et macrophages alvéolaires déterminant les propriétés fonctionnelles de type 2 de ces derniers. L’infection par le MuHV-4 induisant une déplétion des macrophages alvéolaires embryonnaires résidents, nous avons identifié les ILC2s pulmonaires comme des acteurs essentiels au sein de la niche pour conférer une identité spécifique aux macrophages alvéolaires dérivés des monocytes après infection par le MuHV-4. Ces résultats révèlent que l'infection persistante par le
MuHV-4 façonne le paysage alvéolaire bien au-delà de l'infection aiguë initiale en réprimant sur le long terme la fonctionnalité des cellules de la niche alvéolaire telles que les ILC2s.
[en] The hygiene hypothesis states that early childhood exposure to particular microorganisms
protects against allergic diseases such as asthma. Gammaherpesviruses (γHVs) are among the most prevalent human viruses. The infection by these viruses occurs at early age and profoundly imprints the immune system of their hosts. Using Murid gammaherpesvirus 4 (MuHV-4), a mouse model of human γHV infections, our laboratory showed that a γHV infection can inhibit the development of allergic asthma. However, the mechanisms by which airway allergy is controlled in that context are still illdefined. As type 2 innate lymphoid cells (ILC2s) play a major role in asthma and can be modulated by respiratory virus infections, we investigated whether MuHV-4 infection affects the lung ILC2s compartment.
Here, we showed that γHV infection substantially reduces the capacity of both lung resident and bone marrow-derived type 2 innate lymphoid cells to expand and to produce type 2 cytokines in response to house dust mite allergens. These modifications appeared to be related to the microenvironment and especially to production of IFN-γ. In contrast with reports from other viral infections, ILC2s from MuHV-4 infected mice did not exhibit any characteristic of plasticity towards an ILC1 phenotype but displayed decreased expression of the canonical TH2 transcription factor GATA 3. Importantly, we demonstrated a tight crosstalk between ILC2s and alveolar macrophages determining the type 2 functional properties of these cells. As MuHV-4 infection induces a profound depletion of embryonic resident alveolar macrophages, we identified pulmonary ILC2s as key players within the niche to confer a specific identity to monocyte-derived alveolar macrophages after MuHV-4 infection. These results reveal that persistent MuHV-4 infection shapes the alveolar landscape much beyond the initial acute infection by repressing the functionality of alveolar niche cells such as ILC2s over the long term.