Abstract :
[fr] « Grâce à Dieu, je vais mourir. » (Jean d’Ormesson, Un hosanna sans fin). Accepter la finitude de la vie est une grande force. Elle seule donne au temps une valeur objective, bien que partiellement stochastique, et au choses – matérielles, intellectuelles et spirituelles – une valeur relative. Les événements tragiques que nous avons vécus au cours des deux dernières années, ainsi que ceux que nous vivons aujourd’hui en Europe, étaient évitables. Ils ne sont pas le fruit du hasard, ni de la nécessité, mais celui de la volonté des hommes qui se détourne de l’amour, de la paix, de la justice. Devant un tel déferlement de violence, une telle cruauté, quel est l’intellectuel, le scientifique, le philosophe, qui oserait dire, sans prendre le risque de paraître fou, que le mal – ce manque de respect pour la vie et les souffrances des autres – n’existe pas ? Nos pensées, nos paroles et nos actes entraînent des conséquences. Le principe de causalité est une règle de la pensée et de la réalité. Depuis toujours, la violence engendre la violence dans une spirale mortifère (René Girard, Des choses cachées depuis la fondation du monde). Les guerres n’apportent jamais que l’abomination de la désolation, la misère économique et la haine irraisonnée, tenace, implacable de soi et des autres. La folie des hommes, qu’elle prenne la forme d’un illuminé ou d’un insensé, révèle le chaos infernal d’un monde sans idéal, sans Dieu. Sommes-nous condamnés à l’impuissance ? Non ! Si la lettre tue, la parole et l’écrit – reflets de l’esprit –, vivifient. L’expérience humaine est un test où sont proposés trois choix : la vie ou la mort ? l’intelligibilité ou l’absurdité ? le pardon ou la violence ? À la vérité, toutefois, ces trois choix n’en forment qu’un : L’Être ou le néant ?