PROGRESSION VERS LA COUVERTURE SANTE UNIVERSELLE AU SENEGAL : ENTRE EQUITE, EFFICIENCE ET PERFORMANCE

L’analyse des forces et faiblesses du secteur de la santé Sénégalais met en
évidence d’importants défis notamment en termes de financement de la santé.
L’objectif de cette thèse est d’évaluer le financement de la santé en relation
avec le niveau d’atteinte des objectifs de la Couverture Santé Universelle (CSU)
au Sénégal. Notre cadre conceptuel s’inspire de celui proposé par McIntyre et
Kutzin (2016). Une analyse d’incidence des bénéfices a été appliquée aux
données de l’enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages
(EHCVM 2018-2019) combinées aux dépenses publiques de santé fournies par
le Ministère de la Santé et de l’action Sociale pour étudier l’équité dans la
distribution des ressources. Ensuite à partir du modèle logistique et
l’extension de la méthode de décomposition d’Oaxaca-Blinder proposée par
Fairlie (2017), nous avons analysé la question de l’équité horizontale. Enfin,
en phase avec l’introduction des contrats de performance hospitalière, nous
avons à l’aide de la méthode de l’Analytical Hierarchy Process (AHP) de Saaty
(1980), proposé un indice multidimensionnel de mesure de la performance des
établissements publics de santé (EPS) au Sénégal. Les résultats montrent une
distribution pro-riche des bénéfices à tous les niveaux de la pyramide
sanitaire. La région de Dakar concentre à elle seule 35% et 57,5% des
bénéfices respectivement au niveau du district et au niveau hospitalier. Les
résultats montrent aussi qu’une augmentation des dépenses publiques serait
pro-riche. Les résultats issus de la régression logistique et de la décomposition
montrent aussi un écart d’utilisation des soins de 39% en faveur des
populations couvertes contre le risque maladie. En outre, même s’il existe des
inégalités en faveur des femmes, des enfants et des personnes âgées, les
résultats montrent que les iniquités relatives au revenu persistent. Enfin, les
résultats de l’AHP montrent que les acteurs du système de santé n’accordent
pas la même priorité aux dimensions de la performance et que l’intégration
des préférences des différentes parties prenantes s’impose.