J. Hintikka, « Cogito, Ergo Sum: Inference of Performance ?», The Philosophical Review, 1962, 71/1, p. 3-32. Voir D. Kambouchner, « Identification d’une pensée: le Cogito de Hintikka», Revue internationale de philosophie, 2009/4, no 2, 50, p. 405-422.
AT VII 25, 10-13; IX 19.
J.-L. Marion, Sur la théologie blanche de Descartes (1981), Paris, Puf, 2009, p. 381.
Ibid. J.-M. Beyssade propose la même lecture englobante de la profération, omettant le sens disjonctif du « vel» entre « concipitur» et « profertur» (La Philosophie première de Descartes, Paris, Flammarion, 1979, p. 249-250).
AT VII 25, 11-12.
AT IX 19.
J.-L. Marion, Sur la théologie blanche, op. cit., p. 381.
J.-L. Marion, Sur le prisme métaphysique de Descartes, Paris, Puf, 1986, p. 157.
Sur ce point, le texte de référence est les Tusculanes de Cicéron (I, 14) qui utilise « pronuntiatum» pour définir la proposition: « Omne pronuntiatum (sic enim mihi in praesentia occurrit, ut appellarem axioma ; utar post alio, si invenero melius) id ergo est pronuntiatum, quod est verum, aut falsum.» Passage repris et développé par Augustin, dans son De Magistro, I, 16. Voir à ce sujet l’édition d’E. Bermon, La signification et l’enseignement: texte latin, traduction française et commentaire du De magistro de saint Augustin, Paris, Vrin, 2007, p. 293-294. On peut y lire que les mots « proloquium» ou « profatum» étaient également utilisés par Varron pour traduire le grec axiôma. Voir également Aulu-Gelle, Nuits attiques, XVI, 8, 8.
Voir J. Nicot, Thrésor de la langue française, Douceur, Paris, 1606: « Une Maxime, et proposition ferme, Pronuntiatum, Enuntiatio, Axioma, Kyria doxa» (art. « Maxime», p. 399); « On a donné sentence à mon profit, Secundum me judicatum est, vel pronuntiatum» (art. « Sentence», p. 590). La traduction latine du Discours de la méthode introduira « pronuntiatum» pour la séquence « Et remarquant que cette vérité: je pense, donc je suis » (AT VI 32, 19): « & quia videbam veritatem hujus pronuntiati: Ego cogito, ergo sum, sive existo» (AT VI 558).
Hintikka s’en explique dans une note relative au « profertur»: « Il n’est pas strictement vrai de dire qu’une inconsistance surgit de la tentative par Descartes de penser qu’il n’existe pas ou de douter qu’il existe. Quelqu’un d’autre peut le penser; pourquoi pas Descartes lui-même ? Il peut certainement le penser au sens de contempler une “simple possibilité”. Ce qu’il ne peut pas faire c’est persuader quelqu’un (et lui aussi bien) qu’il n’existe pas; pour cette raison il ne peut essayer de professer (profess) (à lui-même ou à d’autres) qu’il n’existe pas sans ruiner sa propre tentative» (« Cogito, Ergo Sum: Inference of Performance ?», art. cit., p. 16-17. Nous traduisons).
J.-L. Marion, Sur la théologie blanche de Descartes, op. cit., p. 379.
Ibid., p. 380.
Ibid., p. 382.
AT VII 25, 10, p. 382.
Ibid., p. 383.
Ibid., p. 382.
AT VII 27, 9. Voir cependant AT IX 205, 17 (où proférer, c’est dire sans penser).
Dans son analyse du cogito, H. Maldiney insiste sur cette priorité pour souligner l’originarité de la parole, antérieure même aux concepts « de pensée, d’existence, de certitude» qui ne sont rien de plus que des « prédicats objectifs possibles» de la parole première (Regard parole espace, Lausanne, L’Âge d’homme, 1994, p. 301-302). Sur le cogito, voir aussi Aîtres de la langue et demeures de la pensée, Lausanne, L’Âge d’homme, 1975, p. 172-173. Nous remercions Remy Rizzo d’avoir attiré notre attention sur ces textes.
J.-L. Nancy, Corpus, Paris, Métailié, 2000, p. 25.
Ibid., p. 25-26.
Ibid., p. 22.
AT X 359, 6 (Règles utiles et claires pour la direction de l’esprit en la recherche de la vérité, trad. fr. J.-L. Marion, La Haye, Nijhoff, 1977, p. 1, trad. mod.).
AT X, 361, 20; trad. fr., p. 3. La même ambiguïté entre une profération au sens faible et une profération vocale se retrouve dans l’expression « verba magica proferre » en 426, 17.
« Encore quarante jours et Ninive sera subvertie» (Jonas 3, 4; AT VII 125, 21-22; IX 99; AT VII 143, 6-7; IX 112).
AT VII 143, 2-5; IX 112.
AT VII 143, 13-17; IX 112.
Summa theologiÆ, Ia, q. 51, art. 3, in Opera omnia, éd. Léonine, t. V, Rome, 1889, p. 18. Voir aussi Commentaire sur le Peri hermeneias, lect. 4, n. 3: « Nam vox est sonus ab ore animalis prolatus, cum imaginatione quadam» (Opera omnia, éd. Léonine, t. I, Rome, 1882, p. 20); Commentaire du De anima, livre II, chap. 18, in Opera Omnia, éd. Léonine, t. 45/1, Rome, 1984, p. 143-146.
Aristote, De l’âme, II, 8, 420 b 5; trad. fr. R. Bodéüs, Paris, GF-Flammarion, 2018, p. 180. Voir aussi Histoire des animaux, IV, 9, 635 a 26.
In Librum Perihermeneias (éd. C. Meiser, Leipzig, Teubner, 1877), vol. II, 4, 18-20: « Vox est aeris per linguam percussio, quae per quasdam gutturis partes, quae arteriae vocantur, ab animali profertur». Voir aussi Roger Bacon, SummulÆ dialectices, éd. A. de Libera, Archives d’Histoire Doctrinale et Littéraire du Moyen Âge, 1986, 53, p. 221-222.
Pierre d’Espagne, Tractactus called afterwards SummulÆ logicales, éd. L. M. de Rijk, Assen, Van Gorcum, 1972, p. 1.
Simone Simoni, In librum Aristotelis De sensis et sensibus, 1566, p. 50. Aristote insiste en effet un peu plus loin dans le même passage sur le fait qu’user de sa voix suppose de retenir sa respiration de sorte que c’est « avec cet air qu’on retient que l’on déclenche le mouvement vocal» (421 a 1-3; éd. cit., p. 180).
Ibid., 420 b 30-421 a 6. Marsile Ficin y ajoute la cogitation en définissant la voix comme « prolatio ex ore secundum cogitationem» dans sa traduction du Liber de Platonis definitionibus de Speusippe (Opera, Bâle, 1561, p. 1964).
AT VI 57, 18-30.
AT VI 56, 24-25.
AT VI 56, 31-57, 1.
AT VI 56, 31.
Voir aussi la Lettre sur les Cinquièmes objections : « Car, si les choses qu’on peut concevoir doivent être estimées fausses pour cela seul qu’on les peut concevoir, que reste-t-il, sinon qu’on doit seulement recevoir pour vraies celles qu’on ne conçoit pas, & en composer sa doctrine, en imitant les autres sans savoir pourquoi on les imite, comme font les Singes, & en ne proférant que des paroles dont on n’entend point le sens, comme font les Perroquets ?» (AT IX 212). Géraud de Cordemoy reprendra cette réflexion sur la profération animale et humaine dans son Discours physique de la parole (Paris, Florentin Lambert, 1668, en particulier p. 8-10). Voir P. Gillot, « Parole et identité humaine à l’âge classique», Methodos, 2010, 10; URL = http://methodos.revues.org/2368.
Voir aussi AT II 41, 23-26. Sur la voix des animaux, voir la lettre à Morus, 5 février 1649 (AT V 278, 6-24) et la lettre au marquis de Newcastle, 23 novembre 1646, où Descartes fait référence à la « prolation» animale (AT IV 574, 23).
AT VIIIA 320, 27-30; IXB 315.
Art. 44; AT XI 361, 17-18.
AT XI 362, 10-16.
AT XI 369, 4-5.
AT XI 369, 9-10. Voir aussi la lettre à Chanut du 1er février 1647 qui fait reposer ce genre de transfert sur le fait que « notre âme est de telle nature qu’elle a pu être unie à un corps» (AT IV 604, 1-16).
« Vera loquela», dit la lettre à Morus du 5 février 1649, AT V 278, 16. Voir P. Gillot, « Parole et identité humaine à l’âge classique», art. cit., § 16.
AT VII 25, 12.
AT VII 25, 2-4.
AT VII 27, 14. Dans les Septièmes Réponses, Descartes est interrogé sur le statut de la mens. Il affirme qu’au moment des « nullas mentes, nulla corpora», sa nature lui est « inconnue» (AT VII 473, 14) et que son identification à la res cogitans aura lieu plus tard (en AT VII 27, 13-14). Bourdin y revient ensuite: « Pourquoi faites-vous mention de l’esprit, quand vous dites: “Lorsque je la conçois en mon esprit ?” N’avez-vous pas même banni le corps et l’esprit ?» (AT VII, 478, 6-9; Méditations métaphysiques, Paris, Gallimard, Tel, vol. II, p. 699). Descartes répond: « Mais ici concevoir en son esprit (mente concipitur) ne signifie rien autre chose que penser (cogitatur); et partant il suppose mal que je fais mention de l’esprit en tant que considéré comme une partie de l’homme. De plus, encore que j’ai rejeté ci-devant le corps et l’esprit, avec tout le reste de mes anciennes opinions, comme des choses douteuses ou des choses que je ne concevais pas encore clairement, cela n’empêche pas que je ne les puisse reprendre par après s’il arrive que je les conçois clairement.» (AT VII 480, 13-20; Tel, vol. II, p. 700) Si la mens est inconnue en AT VII, 25, 4 et que le « mente concipitur» n’est qu’un « cogitatur», qu’en est-il de la profération et du corps qui s’y attache ?
En effet, c’est bien après le « je pense, donc je suis» (AT VI 32, 19) que Descartes découvre qu’il peut feindre de n’avoir « aucun corps» (32, 25-26), comme si l’existence du corps avait été laissée intacte dans l’opération de la généralisation du rêve, comme si le je du cogito pouvait encore lui faire une place.
AT VI 32, 19.
AT VI 32, 26-27.
Principia, I, § 51, AT IX-B 46-47. Voir J.-L. Marion, Sur le prisme métaphysique de Descartes, Paris, Puf, 1986, p. 168.
Voir J.-L. Marion, « Quelle est la méthode dans la métaphysique ? Le rôle des natures simples dans les Méditations», in Questions cartésiennes, Paris, Puf, 1991, p. 98-99. Voir aussi P.-A. Cahné, Un autre Descartes. Le philosophe et son langage, Paris, Vrin, 1980, p. 49-53.
P.-A. Cahné, Un autre Descartes, op. cit. p. 49-50. Dans le Discours de la méthode, l’ego se contente d’être, ce qui est compatible avec la fiction « qu’il n’y avait aucun monde, ni aucun lien où je fusse» (AT VI 32, 26-27), mais ce n’est jamais le cas dans les Méditations où l’ego se trouve « in mundo» et doute des choses dans un cadre mondain qui, comme tel, n’est jamais remis en cause (voir par exemple Troisième Méditation, AT VII 42, 22 et 43, 9, ou encore Quatrième Méditation, 58, 26-27). J.-M. Beyssade observe que l’existence actuelle chez Descartes est existence « dans l’espace» ou « dans le monde physique» (La Philosophie première de Descartes, op. cit., p. 225, en particulier n. 5).
34, 24-26.
34, 28-30.
AT VII 19, 25-26; IX, 15.
AT VII 20, 11.
AT VII 20, 18.
AT VII 21, 1-7; IX, 16. Voir aussi la Synopsis, AT VII 12, 10-13; IX 9.
AT VII 22, 24; IX 17.
M. Heidegger, Être et temps, trad. fr. E. Martineau, édition hors commerce, § 20, p. 86-92. Voir D. Arbib, Descartes, la métaphysique et l’infini, Paris, Puf, 2017, p. 218.
H. Gouhier, La Pensée métaphysique de Descartes, Paris, Vrin, 1987, p. 284. Voir les axiomes 1 et 3 de l’Abrégé géométrique (AT VII 164, 28-165, 3 et 165, 7-9).
V. Carraud, Causa sive ratio. La raison de la cause de Suarez à Leibniz, Paris, Puf, 2002, p. 225.
AT VII 21, 20.
AT VII 22, 27-28.
AT VII 25, 3.
AT VII 25, 2-3.
AT VII 25, 3-4.
AT VII 25, 9.
AT VII 25, 5.
AT VII 25, 8.
AT VII 25, 10.
Il n’est même pas sûr que le verbe « cogitare» ait alors déjà son sens cartésien, comme le suggère la page suivante: « cogitare» n’est pas d’abord le propre de l’« animus» (AT VII 27, 14), mais l’un des attributs de l’« anima» (26, 7), c’est-à-dire de l’âme du corps vivant en tant qu’elle régit aussi la sensation, la nutrition et le mouvement.
AT VII 24, 25-26; IX 19.
AT VII 27, 13.
AT IX 20, 21 (nous soulignons).
AT VI 32, 24.
Sur cette formule, voir V. Carraud, L’Invention du moi, Paris, Puf, 2010, p. 54-63. L’auteur souligne le caractère transitoire de ces lignes où l’intellectualisation ou la mentalisation du moi, en effet, n’est pas encore acquise (en particulier, p. 60-63). Voir également AT VII 27, 28-29.
AT VII 25, 14-15.
AT VII 22-24; IX 20.
AT VII 21, 12-13.
AT VII 25, 25-26, 23; IX 20-21.
AT VII 26, 24-26; IX 21.
AT VII 26, 26.
AT VII 26, 26-27, 2; IX 21.
AT VII 27, 2.
AT VII 26, 20-21.
AT VII 27, 3-5.
AT VII 27, 5-8.
En effet, la sensation sera réintroduite dans la définition de la res cogitans en AT VII 28, 20-22 et sera assumée par le méditant comme un attribut de celle-ci en AT VII 29, 11-18.