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Maurice Blanchot : la genèse phénoménologique du concept de neutre
Hagelstein, Maud
2005In Espace Maurice Blanchot - www.blanchot.fr
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Blanchot - genèse phénoménologique du concept de neutre.doc
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Keywords :
Blanchot; Husserl; neutre; réduction phénoménologique
Abstract :
[fr] L’objectif de ce texte est de mettre au jour un pan de la pensée du neutre développée par Maurice Blanchot. Le neutre est l’acte littéraire – comme un feu embrasant l’écriture – qui libère le sens des contraintes d’expression dans lesquelles, souvent, il est pris. Mais s’il participe d’une certaine déconstruction de l’ordre dans le langage, le neutre dont Blanchot thématise le mouvement a aussi une portée métaphysique et ontologique indiscutable, au-delà de sa pertinence dans le contexte littéraire contemporain. Il faut montrer non seulement la possibilité d’une genèse phénoménologique de ce concept, mais aussi l’incidence critique de cette pensée dans le climat philosophique de son époque. Emmanuel Lévinas témoigne – dans Sur Maurice Blanchot – de l’intérêt que Blanchot eut très tôt pour les choses phénoménologiques : avec lui, des « notions très abstraites » montraient des « échappées inattendues » et de « nouveaux destins » . Si l’histoire ne nous apprend pas l’influence (en tout cas directe) des origines husserliennes de la phénoménologie sur Blanchot – on en sait plus sur ses liens à Heidegger –, il n’empêche que, rétrospectivement, Blanchot donne un tour pour le moins inattendu (transgressif en tout cas) à la réduction husserlienne. Le neutre, dont, à première vue, on parle peu en philosophie, surgit essentiellement dans le sillage de l’expérience esthétique. Partant de ce constat, l’hypothèse de travail est de confronter les deux notions suivantes : « neutralisation phénoménologique » (Husserl) d’un côté et « expérience du neutre » (Blanchot) de l’autre. S’il faut commencer par donner du crédit à ce rapprochement conceptuel, on ne peut, pour terminer, qu’accuser les mouvements de démarcation : en effet, Blanchot se défend lui-même d’un amalgame trop rapide. Si ces notions divergent, leurs liens restent ténus. On montrera que Blanchot cherche au fond à exacerber la réduction husserlienne en lui infinitisant son mouvement. Niant les réserves qu’avait émises Husserl, Blanchot fait également tomber le sujet et le langage sous le coup du neutre. Mais pourquoi cherche-t-il à penser une réduction infinie ? Pour atteindre, comme l’a très bien vu Michel Foucault, la « pensée du dehors » propre à son écriture. A travers la littérature moderne, on a souvent cru que le langage se désignait lui-même . En fait, le langage est plutôt, selon Foucault, « passage au dehors » qu’« intériorisation » auto-référente. L’écrivain tend vers le Dehors de tout monde. Il ne sait plus dire « je », il a perdu la vérité du monde, et erre dans le « dehors sans intimité et sans repos » dont parle Blanchot. En quoi Foucault peut-il soutenir que l’écrivain a perdu la vérité du monde ? Le moment de l’errance, de la « migration infinie » du oui/non primordial (le neutre), Blanchot l’appelle encore erreur . La « migration infinie de l’erreur » est précisément, soutient-il, ce dehors vers quoi nous tourne l’art . Les exemples sont nombreux qui confirment ce séjour de la littérature là où la vérité manque. En ce sens, l’écriture fragmentaire – celle de Nietzsche, de René Char ou de Blanchot lui-même – s’annonce dans L’entretien infini comme une déclinaison du neutre . Le fragmentaire mine l’exigence de totalité, résiste à la tentation de l’absolu et de la vérité, émiette le langage et « réintroduit le dis-cursus dans le discours » . La question est celle de « l’autre du langage », question toujours posée par ce langage même qui cherche une issue vers un dehors . L’œuvre parvient à nous pousser vers un dehors de ce qu’elle est essentiellement décentrement. La voix de l’écrivain, ou du narrateur, ne crée aucun centre, « ne parle pas à partir d’un centre » - c’est-à-dire d’un lieu « privilégié d’intérêt », et ne permet donc pas à l’œuvre « d’exister comme un tout achevé » . L’œuvre ne peut se refermer sur un quelconque centre de référence : exigence excentrique de l’écriture. Le neutre est, chez Blanchot, cette expérience-limite où l’écriture parvient au dehors d’elle-même, accomplissant un mouvement qui trouve peut-être son élan dans la suspension husserlienne : infinie réduction qui pousse Blanchot à nier son propre discours, c’est-à-dire à « […] le faire passer sans cesse hors de lui-même, le dessaisir à chaque instant non seulement de ce qu’il vient de dire mais du pouvoir de l’énoncer […] » . Cette analyse aura pour autre résultat de faire voir l’impertinence de Blanchot vis-à-vis de la philosophie, cette « […] amie clandestine dont nous respections – aimions –, dit-il, ce qui ne nous permettait pas d’être liés à elle, tout en pressentant qu’il n’y avait rien d’éveillé en nous, de vigilant dans le sommeil, qui ne fût dû à son amitié difficile » .
Disciplines :
Philosophy & ethics
Author, co-author :
Hagelstein, Maud ;  Université de Liège - ULiège > Département de philosophie > Esthétique et philosophie de l'art
Language :
French
Title :
Maurice Blanchot : la genèse phénoménologique du concept de neutre
Publication date :
2005
Journal title :
Espace Maurice Blanchot - www.blanchot.fr
ISSN :
1765-291X
eISSN :
1765-291X
Peer reviewed :
Peer reviewed
Commentary :
Résumé dans : Travaux en cours, n°2, février 2006, pp. 23-24 (Université Paris 7 – Denis Diderot, U.F.R. L.A.C., Equipe « Théorie de la Littérature et Sciences Humaines, brochure des interventions aux journées doctorales de Jussieu dirigée par Jonathan Degenève).
Available on ORBi :
since 06 November 2009

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