paysan; foncier; République démocratique du Congo; Sud-Kivu; élite
Abstract :
[fr] En RDC, malgré le grand potentiel foncier, on observe de fortes inégalités dans l’accès à la terre, entretenues entre autres par la gestion foncière telle qu’organisée actuellement dans le pays. Ce problème se présente avec une plus grande ampleur à l’est de la RD Congo et au Sud Kivu en particulier du fait de très fortes densités de population et de la ruée sur les terres qui s’y observent. Cet article présente les résultats d’une étude qui avait comme objectif de déterminer la manière dont les ménages font face à cette situation et la façon dont leurs activités agricoles en sont affectées. Il repose sur une enquête conduite en territoire de Kalehe, en province du Sud-Kivu auprès d’un échantillon de 120 ménages paysans tirés aléatoirement dans quatre localités du groupement Mbinga Sud à savoir Bushushu, Munanira, Cibanda et Tshibanja. Les informations collectées auprès de ménages ont été complétées par celles obtenues auprès d’autres parties prenantes autour du foncier dans le milieu dont les organisations locales et le pouvoir public incluant l’autorité coutumière. Il ressort des résultats obtenus, des difficultés réelles dans l’accès à la terre qui se traduisent par des faibles étendues cultivées et une sérieuse difficulté à acquérir de nouveaux champs, les anciennes procédures basées sur la coutume, n’étant plus applicables. Dans ces conditions, la location de terres se développe comme alternative. Celle-ci s’accompagne d’un grand nombre de contraintes à savoir le prix élevé, une courte durée, la proscription de certaines cultures parfois rentables, et des contrats précaires qui découragent certaines pratiques culturales. Ces problèmes, associés à d’autres contraintes auxquelles les paysans font face dans le milieu (faible utilisation des semences sélectionnées, maladies et ravageurs des cultures, faible fertilité des champs etc.), se traduisent par des rendements très faibles, mettant en danger la sécurité alimentaire (à travers notamment la diminution du nombre et de la qualité des repas pour les ménages) et les conditions de subsistance déjà précaires à l’est de la RDC.