ACTES DE LA RENCONTRE SCIENTIFIQUE "La justice écologique comme approche transformative de la transition écologique"

La justice écologique comme approche transformative de la transition écologique

Si l’on a longtemps considéré que la radicalité de l’écologie politique se concentrait essentiellement sur l’avenir et les générations futures, les bouleversements socio-écologiques en cours nous ramènent à un présent déjà rempli d’incertitudes et de vulnérabilités. En termes de préoccupations environnementales, ceci se traduit par une multiplication des mobilisations pour le « climat » ou la « planète », avec la demande d’actions urgentes et concrètes. Mais ces revendications s’accompagnent également d’une exigence démocratique indispensable pour réduire les inégalités existantes, ne pas en engendrer de nouvelles, ni dériver vers une dictature climatique ou environnementale. Ces attentions se reflètent alors dans la place de plus en plus grande accordée aujourd'hui aux questions de justice par rapport à une approche en termes d'éthiques environnementales. Nous assistons en effet à une multiplication des revendications en terme de justice dans le champ de l’environnement : ‘justice environnementale’, ‘justice climatique’ ou encore, s’éloignant d’une approche exclusivement anthropocentrée, celle de ‘justice écologique’ qui offre la possibilité de porter une attention conjointe à l’humain et l’environnement.
Parallèlement, la transition écologique implique de faire émerger un changement systémique qui reconfigure les relations et compétences entre acteurs. A. Stirling distingue les notions de transition et de transformation pour insister sur la relation indissociable entre « knowing » et « doing », l’enjeu étant davantage le « how ? » que le « what ? ». La notion de transition transformative implique une approche « open-ended », capable de questionner l’ordre établi et de complexifier les problèmes posés, s’appuyant sur l’innovation sociale, poursuivant des fins temporaires voire indéterminées. Ces dynamiques de transformations sont alors le fruit d’alignements politiques inattendus, de voies moins visibles et de trajectoires plus ambiguës que celles envisagées de manière conventionnelle. Dans ce cadre se pose alors la question de la justice dans ses relations avec l’environnement.
L'objectif de ce mini-colloque a été de rassembler un collectif interdisciplinaire de chercheurs francophones (Belgique, France, Suisse) reconnus autour de la thématique de la transition écologique et des possibilités de renouveau en matière de recherche qu’amènent les questions de justice écologique. Pour ouvrir la discussion, nous nous sommes interrogés sur la prise en compte des revendications des mobilisations en termes de justice environnementale et écologique dans le système judiciaire et les possibilités offertes par une justice réparatrice (Angèle Minguet). Une seconde intervention nous a permis de situer la notion de justice environnementale dans son approche française à travers l’étude des inégalités environnementales (Valérie Deldrève). Nous nous sommes ensuite intéressés à l’expérience vécue de la nature comme levier politique de transformation (Caroline Lejeune) et aux dynamiques d’enquête à prendre en compte dans la notion de justice écologique (Maud Hallin). Pour finir, nous avons interroger les contributions de la justice environnementale à une juste transition (Brendan Coolsaet).