[fr] La Méthode Mère Kangourou (MMK) est une intervention dont la littérature scientifique a mis en évidence les nombreux bénéfices à la fois pour le nouveau-né prématuré (Boundy et al., 2016; Ropars et al., 2018) et pour sa mère (Badr & Zauszniewski, 2017; Coşkun & Günay, 2019). Malgré les avantages qui sont connus à la MMK, l’un des défis majeurs de son implémentation est de susciter l’adoption et la pratique de cette méthode par les parents de bébés prématurés. Dans notre pratique clinique, nous avons été amenés à constater que certaines mères adoptent et s’adaptent relativement vite à la pratique de la MMK, alors que plusieurs autres éprouvent de nombreuses difficultés à s’y investir. Ce constat pose le problème des obstacles et barrières à l’adoption de cette méthode par la mère en particulier et par les parents des nouveau-nés prématurés en général. L’objectif de notre réflexion est de proposer un modèle psychologique explicatif des difficultés auxquelles sont confrontées certaines mères dans l’adoption et la pratique de la MMK.
Une revue de la littérature sur les obstacles à l’adoption et à la pratique de la MMK par les parents de bébés prématurés regroupe et catégorise ces obstacles selon quatre grands thèmes : l’adhésion à la MMK, le soutien social de la part des proches, la disponibilité du temps pour pratiquer la méthode et les préoccupations médicales concernant la santé de la mère et de l’enfant (Smith et al., 2017). Smith et al, (2017) ajoutent que l’action de ces quatre facteurs est facilitée par les conditions socio-économiques précaires des parents et la qualité des infrastructures et soins hospitaliers.
L’accouchement prématuré en tant que situation stressante est identifié dans la littérature scientifique comme étant un facteur de risque d’apparition des symptômes psychopathologiques chez les mères en post-partum (De Paula Eduardo et al., 2019). De nombreuses autres études mettent en évidence les effets des troubles psychopathologiques en post-partum sur la qualité des soins maternels au bébé (Cook et al., 2018) et sur la qualité du développement ultérieur du bébé (Moe et al., 2016).
Considérant ces données de la littérature scientifique, nous nous posons les questions suivantes : quels sont les symptômes psychopathologiques qui peuvent apparaitre chez les mères consécutivement à un accouchement prématuré ? Quel peut être l’impact de ces symptômes psychopathologiques sur l’adoption et la pratique de la MMK comme soins au nouveau-né prématuré par les mères ? Et quels sont les effets à moyen terme de ces symptômes psychopathologiques sur le développement du bébé né prématurément ?
Une synthèse de la littérature sera présentée. Cette synthèse nous a conduit à élaborer un modèle explicatif dans lequel les symptômes psychopathologiques des mères en post-partum pourraient constituer un obstacle à l’adoption et à la pratique de la MMK. Le modèle explicatif sera exposé.