[fr] Si, d’un point de vue abstrait, théorique et idéologique, les notions de morale (consensus social), de loi (consensus politique) et de justice (institution et/ou valeur qui appliquent la loi.) se distinguent assez aisément, il convient de souligner que la morale et la loi sont nées de la même matrice, partagent leur principe consensuel et sont séparées pourtant par des frontières considérables. Qu’elles affirment leurs différences et leur imperméabilité réciproque n’exclut pas de collusion. Dans une telle dynamique consanguine, la justice-institution pourrait jouer le rôle du tiers ordonnateur qui métisse les impératifs de fond (morale) et de forme (loi), en vue de la plus grande équité. Mais il faudrait alors qu'elle se pose comme instance éthique, ce qui est incompatible avec le formalisme procédural inhérent à l’application de la loi. Dans sa confrontation à l'institution justice, le justiciable continuera donc à éprouver, quelquefois au moins, le pénible sentiment d’être ignoré, méprisé en tant qu’être moral dont l’aspiration au bien et à l'équité n’est pas reconnue. Ce constat, hélas banal, devrait inciter à réfléchir à la formation et au contrôle des personnes dont la fonction est d’appliquer les lois.
Disciplines :
Law, criminology & political science: Multidisciplinary, general & others Philosophy & ethics
Author, co-author :
Mormont, Christian ; Université de Liège - ULiège > Département de Psychologie > Département de Psychologie