La vie comme concept et comme expérience de soi. Essai sur la genèse sensorielle de la conscience : Hegel – Plessner – Straus

Canguilhem a rappelé que la vie contient deux composantes majeures. Elle désigne d’abord la forme – l’a priori objectif – du corps en tant que vivant. Telle constitue la vie comme concept, dont les premiers développements remontent à Aristote. Par ailleurs, la vie traduit l’expérience d’une subjectivité en relation avec le monde ainsi qu’avec elle-même. Notre projet rend compte de l’unité de ces deux déterminations à l’aune de la manifestation de la vie. Helmuth Plessner, un des pères de l’Anthropologie philosophique, aborde le mouvement dialectique de cet a priori matériel tandis que le psychiatre et phénoménologue Erwin Straus assume la question de l’apparaître du sensible comme fond de l’expérience. Plessner restitue, à travers le concept de positionnalité, l’axiomatique des catégories de la vie grâce auxquelles est fondée la relation du Soi à son environnement extérieur d’après une légalité d’ordre transcendantal. Straus, de son côté, dévoile les lois psychologiques de la vie dont la principale réside dans l’épreuve corporelle du sentir et du se-mouvoir. Historiquement, c’est à Hegel que revient la paternité de notre paradigme. D’une part, il offre une riche description de l’expérience du Soi en tant qu’être charnel, tant au niveau humain qu’au niveau animal. D’autre part, il définit la vie comme forme immédiate de l’existence du Logos à titre de sens immanent de l’auto-organisation finalisée du vivant. Aussi, ambitionnant d’unifier la phénoménologie et l’approche spéculative de la vie, notre étude réhabilite les trois sciences que Husserl et Heidegger reléguèrent dans le champ ontique pour mieux en abolir leur portée fondatrice : la psychologie, l’anthropologie, et la biologie. Une appréhension dialectique de ces disciplines aura alors permis de répondre à la question que Fichte assigna à la métaphysique : Comment un être est-il pour nous possible ?