L’enquête comme instauration de la justice écologique

Face aux impératifs de transition socio-écologique, se développent les réflexions sur une remise en question du rapport sciences-sociétés, et les possibilités d’interactions entre citoyens et chercheurs pour une co-production de connaissances. Ces innovations sociales se retrouvent au croisement d’enjeux de justice écologique et de justice épistémique : à la définition tridimensionnelle de la justice écologique initialement proposée par D. Schlosberg (distribution, reconnaissance et participation), certains y incluent la reconnaissance d’un pluralisme épistémique qui autorise différentes formes de connaissances, scientifiques ou non. Au prolongement de ce croisement, nous pensons que la justice écologique peut aussi se déplier dans sa dimension expérimentative, via des publics mixtes citoyens chercheurs qui se construisent autour de démarches de production de savoirs en réponse à des enjeux environnementaux. Nous proposons de revenir ici sur la notion de justice écologique pour la redéployer en mobilisant la proposition pragmatique d’enquête sociale et d’expérimentation de John Dewey. Une enquête ethnographique en cours sur la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer (France), et son Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions illustrera cette proposition. À travers l’expérience de cette mobilisation, et l’apprentissage d’une pensée collective associant chercheurs et citoyens, nous interrogeons la possibilité d’une justice écologique en construction.