Abstract :
[en] Since critics rediscovered the link between the work of Howard Phillips Lovecraft and that of Michel Houellebecq, few have focused on the intertextuality between their writings, even though the influence of the American appears to be primordial in Houellebecq's work (his first essay is entitled "H.P. Lovecraft. Against the world, against life").
In this paper, we have focused on the treatment of bodies, particularly inhuman or mutating ones, that both authors share, despite their apparent thematic and generic differences. Three complementary perspectives have been observed: the disgusting stylistics, the finality of the bodies and their relationship to sexuality.
Whether it is the Lovecraftian hybrids or the Houellebecquian posthumans, both writers use a style that is likely to arouse disgust in the reader. Indeed, despite the discrepancy between their descriptive techniques, the bodies are terrible not so much because of their particularities, but because of the gap they create with the human species from which they emanate.
The analysis will also show that these bodies, despite their aberrant deformity, are seen as possible continuators of Man, whose flesh and spirit are inferior. Thus, in the work of both authors, even immortality appears as a regressive movement.
Finally, despite the finality of these bodies, both authors convey a certain horror of reproduction, whether through evocative ellipses in Lovecraft's work or through the posthumans' renunciation of carnal pleasures in Houellebecq's.
Our conclusion is that, through their treatment of bodies, both authors project an anti-anthropocentric and anti-eudemonic vision of existence.
[fr] Depuis que les critiques ont redécouvert le lien existant entre l'œuvre de Howard Phillips Lovecraft et celle de Michel Houellebecq, peu se sont toutefois attachés à l'intertextualité existant entre leurs écrits, alors même que l'influence de l'Américain apparait primordiale chez Houellebecq (dont le premier essai s'intitule "H.P. Lovecraft. Contre le monde, contre la vie").
Dans cette communication, nous nous sommes attardés sur le traitement des corps, notamment inhumains ou en cours de mutation, que partagent les deux auteurs, et ce malgré leurs écarts thématiques et génériques apparents. Trois perspectives complémentaires ont été observées : la stylistique dégoutante, la finalité des corps et leur rapport à la sexualité.
Qu’il s’agisse des hybrides lovecraftiens ou des posthumains houellebecquiens, les deux écrivains recourent à un style propre à susciter le dégout chez le lecteur. En effet, malgré l’écart entre leur technique descriptive, les corps sont terribles non pas tant à cause de leurs particularités, mais à cause de l’écart qu’ils creusent avec l’espèce humaine dont ils émanent.
L’analyse mettra également en avant que ces corps, malgré leur difformité aberrante, sont envisagés comme de possibles continuateurs de l’Homme, dont la chair et l’esprit sont inférieurs. Ainsi, dans l'œuvre des deux auteurs, même l’immortalité apparait comme un mouvement de régression.
Enfin, malgré la finalité de ces corps, les deux auteurs font ressentir une certaine horreur de la reproduction, que ce soit par des ellipses évocatrices chez Lovecraft ou par un renoncement des posthumains aux plaisirs charnels chez Houellebecq.
Notre conclusion est que, par le traitement des corps qu'ils opèrent, les deux auteurs projettent une vision anti-anthropocentrique et anti-eudémoniste de l'existence.
