Abstract :
[fr] Depuis son introduction en 1963, le théier est à la base d’une filière stratégique au Burundi. La théiculture a une importance capitale dans la vie socio-économique pour plus de 60.000 exploitants-théiculteurs, crée de l’emploi et procure des devises pour le pays. L’objectif de la recherche visait à mettre en évidence l’importance du théier dans les moyens de subsistance des exploitants-théiculteurs. Les objectifs spécifiques sont : (i) inventorier toutes les ressources des exploitants-théiculteurs qui leur permettent d’assurer leur subsistance , (ii) mettre en relief les risques et contraintes auxquels les exploitants-théiculteurs font face, (iii) analyser les stratégies développées par les exploitants-théiculteurs pour assurer leur survie, (iv) mettre en relief la contribution du théier dans les moyens de subsistance des exploitants-théiculteurs et (v) dégager et discuter les défis et contraintes dans la théiculture du pays.
Pour atteindre les objectifs spécifiques, l’étude a emprunté un modèle d’analyse des moyens de subsistance pour comprendre le système d’exploitation agricole dans sa globalité avant de mener une étude spécifique sur le théier sous l’analyse de la chaîne de valeur de la filière sur ses aspects technico-économiques et de gouvernance. L’étude a été réalisée grâce à l’analyse des données primaires collectées sur terrain et secondaires via une recherche documentaire. Les données primaires ont été collectées en 2018 et 2019 auprès des acteurs (les responsables) chargés de la production, de la transformation et de la commercialisation du thé ainsi qu’auprès d’un échantillon aléatoire de 120 exploitants-théiculteurs des zones de Teza et d’Ijenda.
Les résultats ont montré que les exploitants-théiculteurs recourent à une complémentarité de ressources. Ils sont confrontés à une pluralité de risques et contraintes particulièrement au niveau des cultures vivrières et maraîchères, une menace pour les exploitants-théiculteurs qui vivent essentiellement de l’agriculture quoique des stratégies d’adaptation soient développées. Par contre, l’exploitation du théier dans la zone d’étude a démontré une particularité de la plante et les résultats ont mis en évidence des caractéristiques et vertus intrinsèques du théier. Les recettes régulières du théier tout au long de l’année permettent aux exploitants-théiculteurs de s’approvisionner régulièrement en denrées alimentaires, de surmonter la période de soudure et de subvenir à d’autres besoins. Cette régularité des recettes classifie les exploitants-théiculteurs de cette zone dans une typologie de pauvreté des exploitants ayant une assurance financière susceptibles de basculer dans une catégorie des « aisés » en cas d’amélioration des moyens de survie non monétaires. De plus, le caractère de pérennité et de résistance aux aléas climatiques de la plante au pays fait qu’elle soit exploitée de génération en génération. Elle constitue une pension pour les exploitants-théiculteurs à l’âge de la vieillesse. Elle est le seul gage pour contracter un crédit. La prise en compte des recommandations formulées (le remplacement des théiers non productifs, le reboisement continuel, la diversification du produit, etc.) pour faire face aux défis identifiés dans le secteur augmenterait le rendement, la profitabilité et renforcerait la résilience des exploitants-théiculteurs.
[en] Since its introduction in 1963, the tea plant has been the heart of a strategic sector
in Burundi. Tea cultivation is of paramount importance in the socio-economic life of
more than 60,000 tea farmers. It creates employment and provides foreign exchange
export earnings for the country. The main objective of the research was to emphasize
the importance of the tea plant in the means of subsistence of the tea farmers. The
specific objectives are: (i) to identify all the resources of tea farmers that enable them
to ensure their livelihood, (ii) to highlight the risks and constraints faced by tea
farmers, (iii) to analyse the strategies developed by tea farmers to ensure their
survival, (iv) to highlight the contribution of tea in the livelihood of tea farmers, (v)
to identify and discuss the challenges and constraints in the country's tea sector.
To achieve the specific objectives, the study used an analytical model - the
livelihood model - to understand the farming system as a whole before a specific study
on the tea plant through the analysis of the value chain of the sector on its technoeconomic and governance aspects. The study was carried out through the analysis of
primary data and secondary data via a desk research. The primary data were collected
in 2018 and 2019 from actors (managers) responsible for tea production, processing
and marketing, as well as from a random sample of 120 tea farmers in the Teza and
Ijenda areas.
The results showed that tea farmers depend on complementary resources. They are
facing a wide range of risks and constraints, particularly with regard to food and
vegetable crops, a threat to tea farmers who mainly rely on agriculture even though
adaptation strategies are being developed. On the other hand, the exploitation of the
tea plant in the study area has demonstrated a particularity of the plant and the results
highlighted the intrinsic characteristics and virtues of the tea plant. The regular income
from the tea plant throughout the year enables tea farmers to purchase food on a
regular basis, to overcome the lean season and to meet other needs. This regularity of
income classifies smallholders in the zone into a poverty typology of financially
secure farmers who are likely to fall into the " wealthy " category if their non-monetary
means of survival improve. In addition, the plant's perennial nature and resilience to
the country's climatic hazards mean that it is exploited from generation to generation.
It provides a pension for tea farmers in old age and is the only guarantee of credit.
Implementation of the recommendations developed (gradual replacement of nonproductive tea plants, continuous reforestation, product diversification, etc.) to
address the challenges identified in the tea sector would increase yield, profitability
and strengthen the resilience of tea farmers.