Retour à l’anormal : De la nécessité d’un prisme queer intersectionnel

Alors que les sexualités et identités de genre non-normatives y ont longtemps été jugées déviantes, le monde ‘occidental’ se pare aujourd’hui de discours homonationalistes et se présente comme le paradis LGBTQI+. Cette communication propose d’explorer la question queer sous un nouveau jour. En effet, n’ayant défié le système binaire de genre que partiellement, l’homosexualité n’a gagné son statut d’acceptabilité qu’au travers de la ‘normalité’. En parallèle – et faisant indéniablement écho aux idéologies coloniales – s’est affirmée une corrélation entre blanchité/non-blanchité, tolérance/cruauté et modernité/barbarie. L’homosexualité se calque ainsi sur la cishétéronormativité blanche et n’offre qu’une émancipation sélective. Les processus de normification n’ayant produit qu’une subversion sous conditions, il est dès lors plus que nécessaire de rendre compte des possibilités à côté desquelles la supposée ‘libération’ est passée. Pour ce faire, une approche pertinente est celle du queer intersectionnel (Ferguson 2019), un prisme qui ne place pas la ‘normalité’ comme but à atteindre, mais propose plutôt de mettre en lumière le caractère multidimensionnel des identités, de rendre visibles les implications que ce recadrage engendre et d’élargir l’éventail des possibles politiques de l’identité. En d’autres mots, ce travail suggère un retour à l’anormal afin d’appréhender et d’interroger les différentes normalités, et ce, à partir des marges. FERGUSON, Roderick A. 2019. One-Dimensional Queer. Cambridge: Polity Press.