La Belgique face à la question allemande pendant la seconde crise de Berlin (1958-1961)

En novembre 1958, Nikita Khrouchtchev déclenche une crise dans les relations Est-Ouest en exigeant le retrait des Occidentaux de Berlin-Ouest. À partir de ce moment et pendant plusieurs années, Berlin et l’Allemagne vont être au centre des tensions entre l’Est et l’Ouest. Dans ce climat de crise, comment va se positionner la diplomatie belge ? Quelle attitude va-t-elle adopter vis-à-vis des problèmes allemand et berlinois ? C’est à ces questions que tente de répondre cet article.
Pour ce faire, il s’inspire du concept de « sécuritisation » développé dans les sciences sociales et récemment adapté aux études historiques. Il s’agit d’étudier la sécurité dans une acception plus large, qui ne se limite pas au domaine stratégico-militaire, en s’intéressant au processus qui conduit à transformer un sujet en problématique de sécurité. L’objectif est donc d’étudier ce processus dans le contexte de la seconde crise de Berlin : pourquoi la question allemande est-elle perçue comme un enjeu de sécurité pour la Belgique ? Comment ce processus impacte-t-il la réalité ?
En définitive, il apparaît que la « sécuritisation » de la question allemande est étroitement liée au système de représentations qui se développe dans la diplomatie belge. Ce système se construit sur les souvenirs du passé et les enjeux présents et futurs de la guerre froide. L’Allemagne est perçue comme un pays instable, potentiellement dangereux, mais aussi comme un allié indispensable dans la lutte contre le communisme, considéré comme le principal adversaire.
En liant sécurité et représentations, cet article met en lumière des éléments qui permettent une compréhension plus profonde de la politique allemande de la Belgique et des relations belgo-allemandes pendant la guerre froide.