Emotions, relations sociales et métacommunication. Une perspective relationnelle pour désanthropiser les émotions

Dans la mesure où l’on avait admis leur existence, les émotions animales ont longtemps été considérées comme des manifestations physiologiques inscrites dans des programmes innés, des réactions utiles à la survie et à la vie sociale et dont la dimension subjective restait, par définition, inconnaissable sinon douteuse. La question de la continuité entre émotions animales et humaines a toujours été problématique. Notre objectif dans cet article est de contribuer à une désanthropisation du concept d’émotion en l’examinant à partir des travaux de l’anthropologie contemporaine des émotions et des affects. Après avoir montré l’impasse constituée par le courant traditionnel de l’anthropologie des émotions, nous nous attardons sur trois approches contemporaines : l’anthropologie sociale et pragmatique , le « tournant affectif » et l’approche relationnelle de Gregory Bateson. Quoique le travail de ce dernier soit ancien, il est justifié de l’évoquer car il n’influence que de nos jours la réflexion des anthropologues. Chacun de ces courants propose des pistes de désanthropisation ; il existe entre eux des convergences certaines ; ils dessinent ensemble ce qu’on peut appeler un point de vue relationnel ; s’ils ont également des divergences, elles ne sont pas traitées en profondeur ici, notre but n’étant pas de proposer un système cohérent mais d’ouvrir des pistes de réflexion. Le point de vue relationnel de ces approches permet de rapatrier la notion de métacommunication dans la communication animale d’où elle avait été créée mais où elle n’a jamais été réintroduite. Nos conclusions questionnent les conséquences de ce point de vue relationnel sur la question de l’agentivité animale.