L'anorexie comme cri à l'être. Approche phénoménologique de l'anorexie.

La démarche de ce mémoire se veut phénoménologique : son but est d’accéder autant que faire se peut au point de vue de la première personne, c’est-à-dire au point de vue d’Agnès. (Agnès est un personnage fictif qui donne corps à notre propos et permet de reconnaître une véritable subjectivité à « la personne anorexique » trop souvent considérée de manière anonyme. Il nous semble essentiel de reconnaître une subjectivité à cet être qui tend à se réduire tout entier à la maladie pour, précisément, ne pas avaliser la réduction qu’elle s’impose et ainsi la soutenir ailleurs que dans la pathologie). Concrètement, il s’agit d’observer le phénomène, autrement dit le comportement anorexique, pour y déceler une logique depuis son propre horizon, et cela en dépit de son caractère profondément irrationnel pour tout observateur extérieur. Que tend à signifier l’anorexie ? Qu’exprime Agnès à travers la maladie – devenue sa maladie ? Comment Agnès en est-elle venue à ne plus s’alimenter normalement au point de se lancer dans une grève (qui est aussi une guerre) de la faim ? Autant de questions qui font résolument signe vers notre objectif : donner du sens à un comportement à première vue insensé – celui de s’en prendre radicalement à son alimentation. Chacune des parties de ce mémoire formule une hypothèse. La première, intitulée « le don anorexique », suggère de voir un trouble relationnel dans le comportement anorexique ; la seconde, « le reflet anorexique », propose pour sa part d’y voir un trouble identitaire. Ces hypothèses, loin de s’exclure, sont à comprendre de concert.