Abstract :
[fr] INTRODUCTION. Le caractère unitaire versus non-unitaire des capacités d’inhibition demeure une question non résolue: les difficultés d’inhibition apparaissant au cours du vieillissement concernent-elles tous les domaines (informations langagières, visuelles,…) ou sont-elles plus importantes dans certains domaines (langage) que d’autres (informations visuelles) ? Cette étude examine la nature des capacités d’inhibition en étudiant les capacités d’inhibition à travers trois domaines (visuel, sémantique, phonologique) via un paradigme de mémoire à court-terme, et ceci auprès de sujets adultes jeunes et âgés.
METHODOLOGIE. 24 adultes jeunes (20-40 ans) et 24 adultes âgés (60-80 ans) réalisaient une tâche d’inhibition consistant à mémoriser des séries de 4 informations (verbales ou visuelles) et ensuite à décider si un item-test faisait bien partie des informations à mémoriser ; les items-tests à rejeter sont soit des items « neutres » qui ne sont pas présents dans liste, soit des items très proches d’un des 4 stimuli-cibles au niveau phonologique (e.g. dessert-désert), sémantique (e.g. lettre-timbre) ou visuel (e.g. -) dans la liste à mémoriser (essais « inhibition »).
RESULTATS. Le coût de l’inhibition était calculé en soustrayant les performances moyennes (temps de réponse (TR), réponses correctes (RC)) pour les essais « neutres » à celles des essais « inhibition », et ceci de manière séparée pour les essais visuels, phonologiques et sémantiques. A l’aide de statistiques à inférence bayésienne, nous avons observé que les adultes âgés présentaient des capacités d’inhibition réduites dans la condition phonologique (RC, BF10 = 45,44 ; TR, BF10 = 0,52) par rapport aux adultes jeunes tandis qu’ils présentaient un coût d’inhibition similaire à celui des jeunes dans les modalités sémantique (RC, BF10 = 0,38; TR, BF10 = 0,37) et visuelle (RC, BF10 = 0.29 ; TR, BF10 = 0,96). Ces résultats ne peuvent pas être expliqués par des déficits auditifs ou de perception phonologique, les deux groupes ne différant pas pour une tâche de répétition de non-mots (BF01=3,40).
CONCLUSION. Ces résultats rejoignent ceux d’études précédentes mettant en évidence un déficit d’inhibition verbale chez les adultes âgés par rapport aux adultes jeunes. Cependant, ce déficit semble être spécifique à la modalité phonologique et n’apparait pas pour d’autres informations verbales (sémantiques) ni pour des informations non-langagières alors qu’exactement le même type de tâche a été utilisé pour les trois types d’informations. Les adultes âgés présentent donc un coût d’inhibition plus important que les adultes jeunes lorsqu’ils doivent spécifiquement traiter l’information phonologique, remettant en question l’existence d’un déficit inhibiteur plus général dans le vieillissement normal.
Références :
Collette, F., & Salmon, E. (2014). Les modifications du fonctionnement exécutif dans le vieillissement normal. Psychologie française, 59(1), 41-58.
Guerreiro, M. J., Murphy, D. R., & Van Gerven, P. W. (2010). The role of sensory modality in age-related distraction: a critical review and a renewed view. Psychological bulletin, 136(6), 975.
Hamilton, A. C., & Martin, R. C. (2007). Proactive interference in a semantic short-term memory deficit: Role of semantic and phonological relatedness. Cortex, 43(1), 112-123.