Abstract :
[fr] Objectif : ce mémoire a pour objectif principal d’évaluer l’impact d’un vécu de
maltraitance infantile et l’impact d’un vécu d’abus sexuel sur le sentiment de
compétence parentale, en tenant compte de la comorbidité possible entre ces deux
types de traumatisme.
Méthodologie : nous avons diffusé une enquête en ligne sur des groupes
d’entraides du réseau social Facebook consacrés ou non à la parentalité et à la
maltraitance infantile. Les participants ont répondu à une fiche socio-démographique
conçue pour cette étude, au Childhood Trauma Questionnaire (Bernstein & Fink,
1994), au Questionnaire d’Auto-Évaluation de la Compétence Parentale (Terisse &
Trudelle, 1988), au Parental bonding instrument (Parker, 1979), à l’Echelle
d’Ajustement du couple (Spanier, 1976) et à l’Echelle des Provisions sociales
(Cutrona & Russell, 1987). Ces questionnaires visent à évaluer quantitativement le
type de maltraitance subie durant l’enfance, le sentiment de compétence parentale,
le souvenir des attitudes des parents durant les 16 premières années de vie, la
satisfaction conjugale et le soutien social perçu. Nous avons récolté 828 protocoles
valides.
Résultats : Tout d’abord, le sentiment de compétence parentale des parents ayant
été victimes de maltraitance durant l’enfance (accompagnée ou non d’abus sexuel)
est moindre que celui des parents du groupe contrôle. Le sentiment de compétence
parentale des parents ayant été victimes uniquement d’abus sexuel durant l’enfance
tend également à être moindre que celui des parents du groupe contrôle, mais ne
l’est pas de manière significative. Ensuite, les parents ayant été victimes d’abus
sexuels durant l’enfance (accompagné ou non de maltraitance) ne sont pas affectés
au niveau de leur sentiment de compétence parental par le soutien à l’autonomie
perçu chez leur parent durant leur enfance, leur satisfaction conjugale ou le soutien
social qu’ils perçoivent dans leur environnement ; tandis que les parents du groupe
contrôle le sont. En outre, les hommes ayant été victimes de maltraitance durant
l’enfance (mais pas d’abus sexuel) sont davantage affectés au niveau de leur
sentiment de compétence parentale que les parents du groupe contrôle par la
satisfaction conjugale et le soutien social qu’ils perçoivent. Ces hommes se décrivent
également comme plus compétents que l’ensemble des autres parents lorsqu’ils ont
le souvenir que leur mère s’est montrée surprotectrice durant leur enfance, alors que
c’est l’effet opposé qui est observé chez les hommes du groupe contrôle. Enfin, les
femmes ayant été victimes de maltraitance durant l’enfance se montrent, avec l’âge,
plus satisfaites que l’ensemble des autres parents.
Conclusion : Les éléments du contexte familial et social sont plus susceptibles
d’être positifs dans les situations d’abus sexuel que de maltraitance. Dès lors, ceux-ci
seraient plus déterminants dans l’élaboration du sentiment de compétence parentale
que le fait d’avoir vécu un évènement traumatisant durant l’enfance. Nous proposons
un modèle exposant un cumul de facteurs de risque et de résilience pour
l’élaboration du sentiment de compétence parentale dans lequel les facteurs sont
différents selon le vécu infantile du parent. Ce modèle doit encore être validé, mais il
peut s’avérer utile pour cibler les parents à risque de présenter un faible sentiment de
compétence parental et adapter leur prise en charge en priorisant les biais de
perception sur lesquels intervenir en thérapie en fonction du vécu infantile.
Title :
Comment le sentiment de compétence parentale des parents ayant été victimes de maltraitance et/ou d’abus sexuel durant l’enfance est-il modulé par le soutien à l’autonomie, la satisfaction conjugale et le soutien social ?