Abstract :
[fr] La question de la représentation des femmes noires sur les écrans semble, jusqu’à présent, avoir mobilisé davantage d’efforts d’analyse de la part des chercheur·se·s universitaires que leurs contributions en tant que productrices culturelles. L’étude des moyens matériels dont disposent (ou non) les cinéastes minoritaires constitue néanmoins un complément essentiel aux travaux de recherche portant sur les politiques de la représentation. En effet, le degré de contrôle que ces individus possèdent sur les mécanismes qui structurent et maintiennent l’hégémonie de certains types de représentations impacte nécessairement la possibilité pour eux·elles d’articuler leurs propres perspectives. Par l'adoption d'une approche méthodologique transdisciplinaire et intersectionnelle, cette thèse de doctorat se propose d'étudier les conditions matérielles qui ont permis, au niveau de la production et de la distribution, l'émergence et le développement de l’œuvre audiovisuelle des réalisatrices britanniques d'origine africaine et caribéenne (Black-British). Pour cela, nous nous reposerons sur un corpus de 187 courts, moyens et longs-métrages, mais aussi webséries, téléfilms et séries télévisées, réalisés entre 1981 et 2018 par 53 réalisatrices différentes. Nous interrogerons les avantages et limites des plans d’action implémentés au sein des industries culturelles britanniques dès les années 1990 pour lutter contre le manque de diversité devant, mais aussi derrière, les écrans de cinéma et de télévision. Nous verrons dans quelle mesure ces plans d’action ont réellement favorisé l’inclusion d’un plus grand nombre de femmes noires à des postes de réalisatrices, et ce que sous-tend cette inclusion. Défini par de multiples processus de marginalisation, le cinéma des réalisatrices Black-British est, selon nous, également marqué par des stratégies de résistance qui peuvent expliquer l’augmentation continue au fil des années du nombre de femmes noires passant derrière la caméra (avec un bond significatif dans les années 2010). La pensée postcoloniale, les théories féministes noires développées en Grande-Bretagne (mais aussi aux États-Unis) et les Cultural Studies représenteront le cadre conceptuel sur lequel nous nous baserons pour analyser cette évolution.