L’emprise de l’université et l’(in)servitude académique

Pagès et al. proposent une analyse d’une organisation au sein de laquelle la délégation hiérarchique de pouvoir fait place à « un système de règles où autonomie et contrôle se renforcent mutuellement » par un processus d’adhésion à une logique qui cherche à assujettir le réel selons ses propres normes énoncées à distance. Les dispositifs de gouvernement prennent appui sur l’engagement et la discipline des professionnels en mobilisant un savoir qui donne une prise plausible à la réalité qu’ils engendrent. Le sujet peut résister à ce cadre normatif pour assurer le nécessaire rapport de vérité à soi-même au niveau de cette expérience vécue, en mobilisant une capacité de reproblématiser les formes historiquement données de pensée et d'expérience imposées dans les dispositifs , comme mobilisation de la liberté de la pensée, ou « la critique comme art de l’inservitude volontaire » . Ce gouvernement à distance est aussi perceptible dans de nombreuses organisations publiques, soumises elles-aussi aux processus de « normativité » propres à la généralisation du dogme néolibéral .
L’article propose une analyse des modalités de « conduite des conduites » au sein d’une l’université belge francophone en matière d’enseignement et de recherche. En prenant appui sur les paradoxes au sein des discours décriant les contraintes propres aux situations concrètes des groupes et des individus, l’étude empirique met à jour les modalités concrètes d’engagement des acteurs qui participent au processus de « normativité » et la pluralité des formes de réappropriation des dispositifs de régulation, tantôt en y résistant, tantôt en les reformulant.