Abstract :
[fr] En matière de semences végétales, le cadre réglementaire européen général, également
étendu à d’autres pays, dont le Brésil, impose une norme de standardisation
DHS « Distinction Homogénéité Stabilité » pour l’inscription au catalogue autorisant la
mise sur le marché. Peu de praticiens de la « biodiversité cultivée » y enregistrent leurs
variétés, malgré l’instauration d’un régime dérogatoire. A partir de quatre cas d’étude,
BioNatur (Brésil), Semailles (Belgique), Kokopelli (France), et Kaol Kozh (Bretagne -
France), je montre que ces praticiens développent des stratégies variées voire parfois
opposées – ambiguïté, essaimage, désobéissance, contournement - qui visent à tenir un
double mouvement de mise en circulation de leur semence et de mise en visibilité de leurs
revendications face à l’injustice que génère la DHS.
Derrière ce travail de publicisation hétérogène, j’identifie la construction d’une demande
de justice écologique. Partant des composantes de la justice écologique que la littérature
identifie : de distribution, reconnaissance, participation, je propose à travers mon travail
empirique, au regard de la notion de public, d’ ajouter la dimension d’expérimentation.
Par manque d’ouverture à la participation, les différentes stratégies ne déverrouillent pas
le système semencier conventionnel, par contre je soutiens qu’elles l’effritent.
[en] Via the « Distinction Uniformity Stability – DUS » criteria, the legislative framework of the
European Union (extended to other countries including Brazil) imposes a norm of
standardization for the registration of plant varieties in the catalogue allowing to put
them on the market. Only a few practionners of crop biodiversity register their crop
varieties despite the existing derogation system. Starting from a set of 4 case studies –
BioNatur (Brazil), Semailles (Belgium), Kokopelli (France) and Kaol Kozh (France –
Brittany), I demonstrate that these crop diversity farmers develop numerous, even
contradictory strategies – ambiguity, spreading, disobedience, circumventing- to enable
the circulation of their seeds, but at the same time, to make visible their claims in order to
face the unjust system generated by DUS. Behind these heterogeneous strategies,
I identify a claim for ecological justice. Through the dimensions of distribution,
recognition and participation, I propose an empirical study with a specific attention on
the notion of public and I add the experimentation dimension of ecological justice. At it is
hard for practionners to participate at the debate about DUS, the different strategies
aren’t unlocking the conventional seed system, nevertheless I support that they are
crumbing it away (effritement).