Abstract :
[fr] La céramique n’est désormais plus à établir comme élément fondamental de nos
connaissances des mondes anciens, que ce soit d’un point de vue chronologique, économique
ou culturel puisqu’au-delà de son rôle d’élément datant auquel s’arrêtent encore bien trop
d’études, elle est l’une des principales sources d’informations en étant un produit direct de la
culture qui l’a produite. Sa quasi-omniprésence dans le mobilier archéologique et les fortes
quantités excavées ne sont alors pas sans lien avec la solidité du matériau. En effet, bien que
les objets ainsi réalisés soient aisément brisables, la matière constitutive – l’argile cuite – est
particulièrement résistante et ne se détruit que difficilement, que ce soit par le sol et sa nature,
le temps, l’action de l’homme ou la combinaison de ces divers facteurs. Elle n’est notamment
pas recyclable comme peuvent l’être le verre ou les métaux, et encore moins périssable comme
les matières organiques.
Le choix d’orienter cette recherche sur l’Italie centro-tyrrhénienne tardo-républicaine
n’est évidemment pas anodin et résulte de la constatation d’une lacune flagrante dans nos
connaissances de sa céramique, bien qu’il s’agisse d’un ancrage, aussi bien chronologique que
géographique, charnière de l’Histoire romaine. Ainsi, la ligne directrice de ce travail vise à
constituer une première tentative de caractérisation du faciès céramique, aussi bien dans son
uniformité que dans ses spécificités régionales et de déterminer son évolution interne, que ce
soit en matière de classes, catégories, formes et types.
Pour ce faire, une méthodologie rigoureuse a été mise en place afin de disposer d’un
corpus composé d’éléments suffisamment similaires pour établir un raisonnement fiable. Trois
axes ont notamment été au coeur de cette réflexion :
- la nature des contextes afin d’écarter au maximum la notion de sélection des céramiques
a priori, en excluant notamment les contextes cultuels.
- la possibilité de disposer de l’intégralité du matériel céramique sans aucune sélection a
posteriori, afin de pouvoir croiser les données de toutes les catégories et en tirer les conclusions
au sujet des assemblages en eux-mêmes.
- la quantification, dont l’usage reste relativement rare dans les études italiques,
normalisée et appliquée à l’intégralité du matériel céramique afin d’envisager une nouvelle
approche du domaine.L’étude a alors été centrée sur deux aires géographiques bien précises – le Latium
septentrional et l’Étrurie méridionale – pour lesquelles il a fallu établir les faciès respectifs et
leurs évolutions en s’interrogeant sur les rapports des classes, catégories, formes, types et
provenances à travers trois ères chronologiques – la première moitié du IIe s., la seconde moitié
du IIe s., et le Ier s. av. n.è. Des études macroscopiques ont également été réalisées sur les pâtes
du matériel provenant des études de cas. Les groupes techniques mis en évidence ont alors été
confrontés aux données déjà existantes afin de faire ressortir les zones d’approvisionnement,
les questions d’échanges commerciaux, d’importations et de productions locales ou régionales.
Plus modestement, cette étude a également tenté d’ouvrir le discours aux tendances et
pratiques alimentaires en confrontant les résultats, notamment morphologiques et fonctionnels,
obtenus lors de l’établissement du faciès avec les sources littéraires et les études déjà menées
sur le sujet.
Notons enfin que ce travail, loin d’être définitif, devra être nourri par d’autres recherches
afin de s’étoffer pour confirmer ou infirmer les hypothèses proposées.
Degree :
doctorat en Langues, histoire et civilisations des mondes anciens (Lyon 2) et en Histoire, art et archéologie (Liège)