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Abstract :
[fr] L’Algérie est un pays côtier qui n’échappe pas aux pressions anthropiques multiples dont la
pollution environnementale liée au développement démesuré de son littoral. Les contaminants
notamment issus des rejets urbains, agricoles et industriels impactent de manière croissante
les écosystèmes aquatiques algériens. Ainsi, au niveau de la baie d’Oran, près de 80% des
eaux usées sont rejetés en mer ou dans les oueds sans traitement préalable. A travers cette
étude, nous avons évalué le degré de contamination du littoral algérien par les métaux traces :
Zn, Cu, Pb, Fe et Ni. Nous avons réalisé un suivi saisonnier en 2010 de leurs bioaccumulation
dans la moule Mytilus galloprovincialis prélevées en deux sites contrastés : le port d’Oran
(site contaminé) et Ain Defla (Kristel) (site de référence). Les concentrations en métaux traces
ont été mesurées par spectrophotométrie d’absorption atomique dans les branchies et les
gonades de moules de 3 à 6 cm et dans des individus entiers (n = 30). Les résultats obtenus
montrent que le port d’Oran est un site très contaminé, spécialement pour le Fe, le Zn et le Ni
avec des concentrations de l’ordre de 66.57 ± 0.18, 31.31 ± 0.37 et 13.68 ± 0.07 ppm,
respectivement dans les deux organes confondus. Les concentrations mesurées à Ain Defla
pour ces mêmes métaux sont de 54.48 ± 0.15, 29.52 ± 0.63 et 2.92 ± 0.03 ppm,
respectivement. Des différences du même ordre entre les deux sites ont été mesurées
également dans les organismes entiers. Seul le Pb présente des concentrations plus élevées
dans les branchies des moules prélevées à Ain Defla, soit 3.91 ± 0.29 ppm. Il existe une
différence significative (p < 0.05) entre la bioaccumulation des métaux dans les deux organes
du site de référence. Ainsi, à Ain Defla, le Fe, le Zn et le Cu sont plus concentrés dans les
branchies (46.91 ± 1.60, 25.6 ± 1.07 et 2.68 ± 0.50 ppm, respectivement) que dans les
gonades (29.06 ± 1.07, 21.76 ± 1.46 et 1.44 ± 0.20 ppm, respectivement). Dans le site
contaminé du port d’Oran, seul le Zn présente des concentrations significativement différentes
(p < 0.05) entre les deux tissus, avec des niveaux plus élevés dans les gonades. Chaque métal
présente un cycle saisonnier de variation, avec des niveaux élevés durant les saisons
hivernales et printanières dans les branchies et la moule entière et durant la saison printanière
dans les gonades. La cinétique de bioaccumulation dans les branchies est par ailleurs similaire
à celle de l’organisme entier (concentrations plus élevée en hiver) . La forte contamination du
port d’Oran par les métaux traces révèle la nécessité d’un suivi écotoxicologique à plus
grande échelle du littoral algérien. Or, un tel suivi y est actuellement quasi inexistant. Les
branchies jouent un rôle dans la respiration, la filtration et l’excrétion. En tant qu’organe le
plus exposé aux contaminants. On lui attribue donc souvent le rôle de tissu le plus approprié
pour la biosurveillance. Dans des conditions de fortes contaminations telles que mesurées
dans le port d’Oran, les différences tissulaires s’estompent néanmoins.
Par ailleurs, M. galloprovincialis étant consommée par les populations locales, le suivi des
teneurs en contaminants dans l’organisme entier est une problématique phytosanitaire à
considérer. Quant à l’augmentation saisonnière des teneurs en éléments métalliques, elle peut
s’expliquer à la fois par des changements de leur biodisponibilité dans le milieu et par le cycle
éco physiologique de la moule. Notre étude démontre que M. galloprovincialis se révèle un
bioindicateur approprié pour le monitoring de la contamination métallique des côtes
algériennes, en prenant soin de normaliser son utilisation (taille, tissu, saison).