Illusion de familiarité et de recollection associée à la facilité de traitement dans la maladie d'Alzheimer

Les patients atteints de la maladie d'Alzheimer (AD) s'appuient principalement sur la familiarité pour leur jugement de reconnaissance. Il est alors régulièrement suggéré qu’ils pourraient être fortement sensibles aux illusions de mémoire provenant de la facilité de traitement.

Dans la présente étude, nous avons utilisé le paradigme de l'illusion de Jacoby et Whitehouse (1989). La facilité de traitement a été induite lors d’un test de reconnaissance de mots en présentant brièvement une amorce qui correspondait ou non au mot devant être ensuite évalué. La familiarité et la recollection ont été évaluées par des évaluations graduelles indépendantes selon la procédure proposée par Higham et Vokey (2004). Les participants sont 24 patients avec un diagnostic de maladie d'Alzheimer probable (12 femmes) et 24 participants sains appariés. Le métabolisme cérébral des patients a été mesuré par FDG-PET.

Une ANOVA mixte 2 (Groupes: patients AD vs contrôles) × 2 (Items: cible vs distracteur) × 2 (Amorces: correspondant vs. non-correspondant) a été réalisées sur les taux de réponse de reconnaissance. Les résultats ont révélé que la facilité de traitement induite par l’amorçage augmentait les réponses de reconnaissance, F= 5.997, p < .05, mais de manière similaire chez les patients et les contrôles, p>.05. De manière inattendue, une même ANOVA mixte réalisée avec les évaluation de familiarité et de recollection indique que l’effet de la facilité de traitement ne semble pas limité à la familiarité, puisque l’amorçage influence similairement les évaluations de recollection chez les patients AD, p>.05. Ces évaluations de familiarité et de recollection menées par les patients AD sont largement influencés par l’amorçage, F= 276.281, p<.001, au contraire des sujets contrôles, p>.05. Enfin, l’utilisation de la facilité de traitement chez les patients AD était positivement corrélée à l’activité du cortex préfrontal dorsolatéral postérieur (DLPFC).

Dans l'ensemble, ces résultats indiquent que les patients ne produisent pas plus de fausses reconnaissances pour les stimuli amorcés que ne le font les sujets contrôles. Toutefois, la facilité de traitement influence largement leurs sentiments de familiarité et de recollection associés. Nous suggérons également que des processus d’attribution préservés, dépendant du DLPFC, seraient nécessaires à l’utilisation de la facilité de traitement (Kurilla & Gonzales, 2012).