Abstract :
[fr] Introduction: La contribution de la mémoire à long terme (MLT) en mémoire à court terme verbale (MCTV) est expliquée par les modèles langagiers, postulant l’existence d’une interaction rapide et automatique entre MLT et MCTV (Martin, & Saffran, 1992). Cependant, peu de données supportent actuellement cette interaction automatique entre MLT et MCTV. Le but de la présente étude était de tester le degré d’automaticité de cette interaction entre MLT et MCTV, et ce en utilisant une procédure d’empan rapide, minimisant l’intervention de traitements stratégiques durant les phases d’encodage et de maintien en MCTV.
Méthodologie: Sur base d’une population saine, âgée de 18 à 30 ans, nous avons évalué l’influence de plusieurs types d’effets psycholinguistiques (lexicalité, fréquence lexicale, similarité sémantique et imageabilité) lors d’une tâche d’empan rapide, dans laquelle les participants avaient pour tâche d’encoder et rappeler des listes auditives de longueur imprédictible, constituées d’items verbaux présentés à un rythme très rapide (2.5 items/s).
Résultats: Au sein de chacune de nos conditions, nous avons pu mettre en évidence des effets de variables linguistiques très robustes: les performances de MCTV étaient plus élevées pour les mots vs. non-mots (p < .001), les mots très fréquents vs. peu fréquents (p < .001), les mots sémantiquement liés vs. non-liés (p < .001) et les mots très imageables vs. peu imageables (p < .001).
Discussion: Cette étude a pu mettre en évidence les preuves les plus directes jamais fournies d’une interaction directe et automatique entre la MCTV et les connaissances linguistiques stockées en MLT. Nous avons montré que ceci était également le cas pour les connaissances sémantiques, rejetant ainsi le postulat selon lequel les effets de MLT sémantiques dépendent de traitements plus lents et contrôlés (Shulman, 1970). Cette étude valide également par extension les modèles proposant un accès très rapide des informations sémantiques au sein du système langagier (Marlsen-Wilson, 1987), ainsi que les modèles postulant que ces informations sont elles-mêmes directement traitées dès l’encodage en MCTV (Martin, & Saffran, 1992).