La sémiologie en apophase

Non moins que le rhétoricien, le sémiologue cherche à composer sa pratique du savoir avec une certaine précarité, tant en raison des objets sollicités (la langue, la culture, les textes littéraires) que par la manière aventureuse et inquiète de les aborder. À cet égard, les cours au Collège de France dispensés par Roland Barthes offrent un exemple à méditer, car la pratique du sémiologue s’y trouve redoublée, sinon même reprise, par sa justification. En simulant le monde plutôt qu’il le représente, le sémiologue délivre un savoir « d’artiste », inspiré d’un fantasme, à l’écoute des nuances flottant autour de lui. Il prend ainsi, pour mieux le révéler, le contre-pied du savoir positif, précis et explicite, qui est le prix que l’homme semble concéder pour devenir, à son tour, un objet des sciences.