No document available.
Abstract :
[fr] La communication questionne les manières de considérer la relation entre les familles et les professionnel-le-s de la petite enfance du point de vue de ces dernièr-e-s. Reconnaitre la qualité de service comme un processus contextualisé et objet de négociations entre une série d’acteurs (Dahlberg, Moss, Pence, 2007) au sein d’un « système compétent » (Urban, Vandenbroeck, Peeters, Lazzari, Van Laere, 2011) conduit à souligner l’importance des compétences de négociation dans le chef des professionnel-le-s de l’enfance dans leurs relations avec autrui, en particulier avec les familles dans un contexte de diversité (Pirard, F., Camus, C., Barbier, J. M., forthcoming). Même si les prescrits et les recommandations internationales valorisent un investissement dans le travail avec les familles au sein des institutions d’accueil des jeunes enfants, caractérisé par une double orientation potentiellement en tension visant à la fois un soutien à la parentalité et des démarches coéducatives, force est de constater que sur le terrain, ce travail avec les familles pose souvent question aux professionnel-le-s et peut faire l’objet de significations différentes (Camus, Dehier, Pirard, 2012). Il s’agit de mieux comprendre les difficultés rencontrées par les professionnel-le-s dans leur relation aux familles considérée comme génératrice de risques et de potentialités. La communication offre le regard croisé d'une chercheuse francophone intéressée par les dynamiques co-éducatives mises en place dans les régions centre nord de l'Italie et d’une chercheuse italienne qui a étudié cet objet d’abord dans cette région où la collaboration avec les familles dans la gestion des institutions s’est renforcée depuis de nombreuses années avec des visées communautaires (Sharmahd, 2007), ensuite sur un autre contexte, celui de la Fédération Wallonie Bruxelles où au contraire le travail avec les familles est envisagé de manière essentiellement individualisée et reste encore trop peu développé (Sharmahd, 2009 ; 2016). A partir d’une recherche collaborative comprenant trois entretiens semi structurés avec huit professionnelles de cinq services différents implantés dans une même région (au total 24 auprès), complétés de cinq entretiens semi-structurés avec leur direction, l’analyse des résultats réalisée à partir de codes-catégories spécifiques mettent en évidence deux tensions majeures dans les discours. Les professionnelles mettent en avant une volonté d’ouverture et de souplesse dans leur relation aux familles, mais en même temps elles recherchent une sécurité et dans cette optique, évitent ce qu’elles pourraient considérer comme des prises de risque (être sûr VS ouverture à l’incertitude). Ensuite, elles souffrent d’un manque de reconnaissance, y compris des parents, ce qui peut les conduire à se démarquer de ces derniers par une affirmation de leurs savoirs ou par des pratiques validées par leur institution au travers du projet d’établissement, sans mesurer les effets non désirés d’un tel positionnement professionnel. Ces manières de rechercher une reconnaissance sont en même temps des signes de protection qui peuvent restreindre les possibilités d’autonomie dans l’agir valorisées par ailleurs (être protégé VS être reconnu). Les résultats de cette recherche ouvrent des perspectives pour la recherche et l’action : importance des recherches collaboratives qui impliquent les professionnel-le-s de l’enfance dans l’analyse des résultats, nécessité de cadres d’analyse permettant une approche dialectique de l’objet et une prise en compte des tensions et contradictions dans lesquelles les professionnel-le-s sont pris-es, pistes d’action pour la formation initiale, le développement et l’accompagnement professionnel ainsi que les conditions de travail inscrits dans une approche systémique de la professionnalisation et permettant aux professionnel-le-s de faire face à la gestion des risques et de l’incertitude inhérente à leur activité.