Des indices pour la définition de l'état des masses d'eau en milieu marin, mises au point, applications et aide à la gestion

Comme les écosystèmes dulçaquicoles, les écosystèmes marins sont soumis à une pression humaine croissante qui altère la qualité de l’eau et les communautés aquatiques. Près de 98 pourcents de l’eau de notre planète bleue est contenue dans les océans qui constituent le réceptacle final de tout ce que nous rejetons comme déchets (volontairement ou non). Moins accessible, les océans sont méconnus, souvent oubliés ou négligés et considérés comme une zone inépuisable et où tout se dilue ; actuellement encore 80% des eaux usées sont rejetées en mer sans traitement préalable, à peine 2 % des surfaces marines sont protégées.
La Méditerranée est particulière à plus d’un égard, bassin de concentration, de faible surface (1% des océans) abritant pourtant plus de 10% de la biodiversité mondiale. Cette petite mer est un modèle pour les océanographes : en mesurant ce qui s’y passe, nous pouvons prédire ce que se déroulera à court ou moyen terme dans le reste des océans.
Le laboratoire d’Océanologie est activement impliqué depuis une quinzaine d’années dans la mise au point d’indice de la qualité des masses d’eau côtières. Ces indices sont construits sur base des connaissances du milieu (variations naturelles), par la mesure des niveaux de contamination et des effets (observation et contamination en mésocosme) de cette pollution sur les communautés.
Nous avons développé et validé des indices biologiques (PREI : Posidonia Rapid and Easy Index, ICAR Indice Caulerpa cylindracea ; espèce envahissante), de pollution (TEPI : Trace Element Pollution Index, TESVI : Trace Element Spatial Variation Index), de qualité paysagère (LIMA LIttoral MArin) … Ces indices sont utilisés actuellement dans le cadre de la DCE (Directive Cadre Eau), la DCSMM (Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin) et dans des réseaux de surveillance en Méditerranée, ils sont un relais et un moyen de communication entre les scientifiques et les politiques, les gestionnaires.

L’exportation et l’apprentissage de l’utilisation de ces indices sont un atout pour une gestion globale de l’eau à l’échelle de la Méditerranée. Leurs applications sur l’ensemble de la façade méditerranéenne ont, entre autre, mis en évidence l’impact positif de l’application de directives européennes en matière de gestion des eaux par rapport aux côtes de Nord de l’Afrique.