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Abstract :
[fr] Building Stories (2012), le dernier ‘roman graphique’ de l’auteur nord-américain Chris Ware se compose non pas d’un livre, mais d’une multitude d’objets imprimés sous divers formats et réunis au sein d’une boîte en carton surdimensionnée. Le lecteur est invité à trouver son propre parcours à travers ces différents formats de bandes dessinée. Bien que chaque pièce est reliée aux autres par un univers diégétique partagé et une multitude de détails, assembler les pièces du puzzle se révèle être une tentative perpétuellement frustrée. L’expérimentation de la matérialité du format à laquelle Chris Ware se prête dans Building Stories est intiment lié à plusieurs développements dans le champ nord-américain de la bande dessinée, et dans le secteur culturel plus large. Alors que la publication en série est en train de disparaître, le roman graphique s’est imposé comme un nouveau format dominant et culturellement légitime. En réunissant dans une boîte des fragments prépubliés qui sont maintenus dans leurs formats d’origine, ainsi qu’en multipliant les allusions à l’histoire matérielle de la bande dessinée américaine par les types de format qu’il intègre, Ware récupère le potentiel de la sérialisation comme un mode discontinu de publication radical pour le temps présent. À l’ère du numérique, Building Stories est à la fois un hommage à l’industrie de l’imprimé, ainsi qu’une bande dessinée qui se prête à un format empruntant aux pratiques de lecture typiquement associées aux nouveaux médias. En effet, Ware explore la database comme un mode d’organisation narratif qui permet aux lecteurs de générer perpétuellement de nouveaux récits.
