Abstract :
[fr] Né au tournant du XXe siècle, au cœur de la modernité, le comic strip s’est tout de suite approprié ces rapides changements apportés par la modernisation, son industrialisation et sa croissance urbaine, son éventail de nouvelles technologies, spectacles et attractions. Son « langage » est d’ailleurs intimement nourri de ces changements : comme le suggère Thierry Smolderen dans Naissances de la bande dessinée, la bande dessinée s’est développée dans le laboratoire de l’illustration humoristique et de sa dynamique « polygraphique », pris dans une vibrante dynamique culturelle de dialogue entre différents médias. Tout comme la chronophotographie pour le phonographe, les transformations technologiques et urbaines qui ont marqué le tournant du XXe siècle ont offert un terrain particulièrement fertile aux illustrateurs et cartoonists, qui s’en saisissent allègrement. Ce que le comic strip donne à voir c’est donc bien ce nouvel environnement urbain que navigue ses lecteurs. Cela en va de même pour les moyens de locomotion et le trafic urbain, un sujet-clé cultivé par les cartoonistes : métro, tramways, zeppelins, calèches, tout y passait. Mais ce rapport à la modernité, c’est aussi un lien à une culture de l’accélération et de la vitesse mécanisée, concomitant avec le boom de la bicyclette et de l’automobile. Il n’est donc pas étonnant que les automobiles, qui se sont développées au même moment que le comic strip, y soit richement figurées, prenant la forme d’une véritable attraction.