Nyâyamanjarî, ch.6; Jayantabhatta; mots fautis et mots corrects; grammaire et bon usage; synonymes; grammaire et rituel; shishta; renaissance parmi les pandits; barbares
Abstract :
[fr] A la fin du 6e chapitre de sa Nyāyamañjarī (« Bouquet de logique »), le brâhmana Jayantabhaṭṭa (9e s.de n.è.) proclame son attachement au beau langage et se pose les 3 questions suivantes : 1.comment est-il possible qu’il y ait des mots fautifs ? 2.comment les reconnaître ? 3.quelle est la relation entre grammaire et bon usage ?
1.D’où viennent les mots erronés, puisque le maître corrige l’élève, lequel, devenu maître, fera de même pour ses auditeurs ? Par ailleurs les mots incorrects parviennent à dénoter leurs objets ; comment est-ce possible ? Pire encore, le « langage de charretier » fait douter ceux qui parlent correctement de l’avantage de leur situation.
2.Les mots incorrects qui dénotent le même objet que les mots corrects sont-ils d’authentiques synonymes de ces derniers ?
Il revient à la grammaire de juger de la correction des mots, pas seulement en en dressant la liste mais encore en établissant les lois de et pour leur formation. Les mots sont reconnus corrects quand ils sont clairement saisis par l’oreille, porteurs d’un sens précis et objets d’enseignement.
Suit un parallèle entre science des mots et science des actes rituels, qui, toutes deux, établissent des normes, l’une du beau langage, l’autre des bons rites. Ces normes sont celles suivies par les trois classes supérieures, mais ignorées des hors-castes et des barbares du bout du monde.
3.Enfin on se gardera de dire que la grammaire est simplement le produit du bon usage des clercs (śiṣṭa’s).
Imbu de sa supériorité intellectuelle, Jayanta termine son chapitre en souhaitant renaître parmi les pandits pour qui la grammaire et ses sciences annexes (comme l’étymologie) n’ont plus de secrets.