Tattvasamgraha; Shântarakshita; éternité du Veda; Mîmâmsâ versus bouddhisme; nature du son; apaurusheyatâ; langage = convention; phrase non-éternelle; Kumârila
Abstract :
[fr] Ce chapitre de 725 strophes a été écrit par Śāntarakṣita (725-783 de n.è.) et commenté par son élève Kamalaśīla (740-795 de n.è.). Il traite d’un topos de la pensée indienne : l’éternité et l’infaillibilité du Veda. Cette double thèse est défendue par le mīmāṃsaka contre le bouddhiste dans les śloka’s 2084-2131, portion qui emprunte de nombreux versets au Ślokavārttika de Kumārila.
Le présent article suit le débat en précisant les références à Kumārila.
Les sujets traités sont :
-la nature du son, son éternité et son contact avec l’oreille,
-l’apauruṣeyatā du Veda, càd l’absence de tout auteur, humain ou divin, à cette œuvre
-le rejet de ce postulat par le bouddhiste qui tient le Veda comme une œuvre humaine et donc faillible. L’autorité morale du Veda découle des ex)plications de ses exégètes humains, comme Manu, Vyāsa
-même débat à propos des injonctions fondatrices du rituel védique, par ex. « que celui qui désire le ciel sacrifie »
-débat sur la nature du mot. Contrairement à ce que prétend la Mīmāṃsā, ni le mot, ni les lettres ne sont permanents sous peine de ne plus pouvoir exprimer la diversité de la condition humaine et de rendre toute erreur impossible
-la connexion mot-chose, selon le bouddhisme, n’est pas innée mais conventionnelle. Même les mots-clès de la Mīmāṃsā (comme ‘ciel’, ‘sacrifice’) sont arbitraires .
-la phrase n’est pas non plus éternelle.
Tous ces débats qui peuvent apparaître excentriques, reflètent l’antagonisme entre la vision instantanéiste de la réalité typique du bouddhisme et la primauté de la permanence défendue par l’orthodoxie brahmanique.