Abstract :
[fr] La dépression est caractérisée par des symptômes affectifs, cognitifs et somatiques. Elle est également caractérisée par une diminution du niveau d’engagement dans des activités ce qui peut être conceptualisé comme de l’évitement comportemental (symptôme comportemental). Il est en effet fréquent que les patients dépressifs s’engagent de moins en moins dans des activités qui leur plaisaient auparavant (voir des amis, etc.) Ce faible niveau d’activités maintient leur humeur dépressive. Cette relation entre dépression et faible niveau d’engagement dans des activités est bien établie dans la littérature scientifique mais les relations entre les processus cognitifs sous-jacents sont encore mal connues. Selon les modèles théoriques de la dépression (Beck, 2008; Lewinsohn, 1985; Watkins, 2009), cinq types de processus psychologiques (PP) sont impliqués dans la symptomatologie dépressive : les pensées négatives répétitives, les stratégies de régulation émotionnelle non-adaptées, un faible niveau de satisfaction environnementale, une image de soi négative et une tendance à l’inhibition. Nous faisons l’hypothèse que ces PP pourraient être les facteurs explicatifs de l’évitement comportemental. Par ailleurs, nous faisons également l’hypothèse que d’autres PP pourraient être considérés comme des facteurs explicatifs de l’activation comportementale : les stratégies de régulation émotionnelle adaptées, un haut niveau de satisfaction environnementale, une image de soi positive, une tendance à l’approche et un concept de soi clair. Ces PP consisteraient en des facteurs protecteurs de la dépression. Dès lors, notre objectif est d’évaluer les liens entre évitement comportemental, activation comportementale et PP. Pour ce faire, en nous basant sur le modèle de Kinderman (2013), nous avons élaboré un modèle conceptualisant l’influence que peuvent avoir les PP précités sur, d’une part, l’évitement comportemental et, d’autre part, l’activation comportementale. De plus, l’étude évalue l’adéquation de ce modèle de façon à comparer les hommes et les femmes.
477 adultes issus de populations cliniques et non-cliniques (119 hommes, 358 femmes, âge moyen = 34,25, ET = 11,85) ont complété une étude en ligne évaluant les PP (pensées négatives répétitives, stratégies de régulation émotionnelles, satisfaction environnementale, image de soi, tendance à l’inhibition/l’approche, clarté du concept de soi), l’évitement comportemental et l’activation comportementale. Différents questionnaires évaluaient chacun de ces PP. Dès lors, des scores factoriels ont été réalisés pour représenter chaque PP.
Les résultats préliminaires issus d’analyses factorielles confirmatoires semblent révéler des différences entre les hommes et les femmes. Pour les hommes, une image de soi négative, des stratégies de régulation émotionnelle non-adaptées et un faible niveau de satisfaction environnementale sont liés à l’évitement comportemental alors qu’un haut niveau de satisfaction environnementale et une image de soi positive sont liés à l’activation comportementale. Pour les femmes, un faible niveau de satisfaction environnementale, des stratégies de régulation émotionnelle non-adaptées et des pensées négatives répétitives sont liées à l’évitement comportemental alors qu’un haut niveau de satisfaction environnemental et une image de soi positive sont liées à l’activation comportementale.
La collecte des données étant toujours en cours, les résultats globaux seront présentés durant le congrès. Les implications cliniques de ces résultats seront discutées telles que la pertinence de travailler sur le niveau de satisfaction environnementale.