[fr] Lorsqu’il cherche à qualifier l’époque de l’art dans laquelle nous baignons actuellement, le philosophe Jacques Rancière parle d’un régime pour lequel l’expérience esthétique serait déterminante : sensible (par définition) et prise dans un rapport paradoxal de continuité et d’exception avec l’expérience commune. Le régime esthétique de l’art – celui qui affecte les productions artistiques contemporaines – signerait notamment l’effacement des spécificités des arts (et l’abandon du régime très hiérarchisé des Beaux-Arts) au profit d’une expérience sensible commune à toutes les formes d’expression artistiques . Le propre de l’art serait donc de faire vivre à son spectateur une telle expérience, qui toucherait directement ses sens et son imagination. Une expérience dont la tonalité particulière serait directement reconnaissable. Une expérience en excès par rapport à ses habitudes et qui le ferait basculer progressivement dans le domaine si singulier de l’art. On voudrait ici défendre l’idée suivante : la performance artistique semble l’une des animatrices principales de ce régime contemporain en tant qu’elle vise à dégager – au-delà des particularismes des médias d’expression – un territoire très large (un laboratoire) d’expérimentation pour l’art. À travers leurs propositions, les artistes performeurs ne produisent pas des œuvres d’art (c’est-à-dire des produits finis), ils montrent le travail de la créativité à l’œuvre.
Disciplines :
Philosophy & ethics Art & art history
Author, co-author :
Hagelstein, Maud ; Université de Liège > Département de philosophie > Esthétiques phénoménologiques et esth. de la différence
Language :
French
Title :
PERFORMANCE ET INVENTION. LE LABORATOIRE DE L’EXPERIENCE ESTHETIQUE