Abstract :
[fr] Parmi les grands représentants de la « génération 1905 », selon l’expression de J.-F. Sirinelli, Sartre passe pour celui qui a refusé l’enseignement d’Alain alors que des penseurs aussi différents qu’Aron, Canguilhem ou Hyppolite acceptaient, au moins pour un temps, l’enseignement du maître. Cette appréciation expéditive ne fait droit ni à ce qu’on sait aujourd’hui des premières tentatives philosophiques de Sartre ni au travail inlassable de relecture d’Alain que Sartre aura mené, en sous-main, tout au long de sa trajectoire intellectuelle. Dans cet article, on procédera dès lors, d’une part, au repérage de l’influence d’Alain dans une série de textes, souvent posthumes, qui passent pour des textes préparatoires aux grandes œuvres. On montrera, d’autre part, que cette influence d’Alain s’insinue jusqu’au cœur de l’ontologie phénoménologique de Sartre, dans L’être et le néant, puis dans les prolongements que Sartre y a donnés dans ses psychanalyses existentielles. Au total, on montrera que la plupart des interprétations récentes de Sartre (Coorebyter, Breeur, Gély, Giovannangeli, J. Simont, etc.), depuis une dizaine d’années, se resserrent autour de la relation largement insoupçonnée que l’ontologie phénoménologique sartrienne entretient avec la pensée d’Alain.