Abstract :
[en] This article aims to show that in the socialist tradition, alongside Marx, there is a position as materialist – or perhaps more so – that it would be valuable to combine with his powerful critique of capitalism. This perspective is that of Proudhon. According to the author, there are possibilities of emancipation through work that are not exclusively conditioned by the “Great Day”, typical of Marxist rhetoric, and which emerge here and now thanks to this perspective. Of course Prouhon’s work is philosophically and economically less powerful than that of Marx. However, his work is interesting in that he enables us to see in the “working” man something other than a stubborn animal, de-subjectivized by capitalism and existing only as a means of production. This is why, if indeed this is anthropology, it may be called positive anthropology. By continuously and almost exclusively favoring the notion of alienation, Marx runs the risk of allowing a purely negative anthropology to emerge in his work. This even today feeds the critical theory of certain authors who see in the modern man an alienated and brainless consumer who must be stripped of his illusions.
[fr] cet article voudrait montrer qu'il existe dans la tradition socialiste, juste à côté de Marx une posture tout aussi - voire plus ? - matérialiste que l'on gagnerait à combiner à la puissante critique qu'il fait du capitalisme. Cette posture était celle de Proudhon. Selon nous, elle peut aider à dégager, ici et maintenant, des possibilités d'émancipation par le travail qui ne soient pas exclusivement conditionnées au Grand Soir, typique de la réthorique marxiste. Certes, l’œuvre de Proudhon est philosophiquement et économiquement plus faible que celle de Marx. Néanmoins, Proudhon a ceci d'intéressant qu'il parvient à voir dans l'homme « travaillant » autre chose qu'un animal forcené, désubjectivé par le capitalisme et n'existant plus qu'à titre d'outil de production. Ce en quoi, si anthropologie il y a, elle peut être qualifiée d’anthropologie positive. A force de privilégier dans son oeuvre presque exclusivement le concept d'aliénation, Marx quant à lui, prit le risque de laisser transparaître dans son oeuvre un anthropologie exclusivement négative, laquelle sert encore aujourd'hui la théorie critique de certains auteurs ne voyant dans l'homme moderne qu'un consommateur aliéné et décervelé qu'il conviendrait de désillusionner.